higher than the sky — béring

Ah, parce qu'après t'avoir vanté les mérites de l'exercice (et fait descendre les escaliers qui mènent des tours aux cuisines), il t'annonce que c'est pour une sucrerie. Tu lèves un doigt accusateur, le coin de tes lèvres tressautant alors que tu tentes vraiment très fort de conserver une mine sérieuse. «Votre discours sur l'exercice est fort mensonger capitaine, surtout quand l'objet de la quête n'est pas très, ah, santé.»

Quand il indique les placards qui contiennent ces fameux oursons, ton regard passe de ceux-ci au serdaigle. Pas besoin de calculs pour voir qu'il lui manque quelques centimètres pour les atteindre, et on ne parlera pas de toi, t'es déjà plus petit que lui. Et faut croire qu'il en vient à la même conclusion, vu son rire — ça te fait à la fois sourire et bougonner, t'emmerde déjà suffisamment ta taille tout seul, merci bien. Il tire une chaise qui semble avoir vécu la guerre et tu t'empresses de t'approcher pour la maintenir en place quand il monte dessus.

«J'ai pas trop envie d'avoir ta mort sur la conscience, surtout pas avec autant de témoins.» Les elfes n'ont pas l'air de vous avoir calculés, soit ils sont habitués à Béring qui vient dévaliser les stocks d'oursons à la guimauve, ou alors c'est parce que vous n'êtes clairement pas les premiers (ni les derniers) à vous y infiltrer pour chaparder quelque chose. Ton petit doigt te dit que c'est probablement les deux. «Je connais des gens, pas moi bien entendu, je suis complètement d'accord, ils sont infects, mais je connais des gens.» T'étires le bras pour attraper la première boîte et la déposer sur le comptoir en face de vous, observant l'étiquette jaunie par le temps. Ouais, visiblement, ce ne sont pas les plus populaires. T'hésitais à en prendre une et la refiler à Ezra, mais t'as pas spécialement envie de l'empoisonner à coup de réglisse expirée depuis le siècle dernier.

Lorsqu'il y a une petite montagne de confiseries en tout genre d'un côté, et une pile nette de ce qu'il cherchait, tu lèves les yeux vers lui. «Pour que tu te démènes comme ça, ils doivent être bons ces trucs.» T'es pas vraiment fan de sucre, mais tu trouves ton réconfort dans les patacitrouilles une fois de temps en temps et ça s'arrête généralement là. «Et rassure-moi, tu ne viens pas trop régulièrement quand même ?» Parce que vu ce qu'il a déjà extirpé des armoires, ça te semble déjà être beaucoup. Ou alors tu sous-estimes grandement son amour pour cette sucrerie et ce sont pleins les bras que vous allez remonter les escaliers.

Faut croire que tu viens de toucher une corde sensible vu la tête qu'il tire, le pauvre non qui menaçait de t'échapper n'ose même plus sortir. Au moins, il prend les choses en main rapidement, la boite qu'il venait d'ouvrir avec (beaucoup) trop de facilité est tendue vers toi — tu pioches à l'intérieur pour en récupérer un, l'observant une seconde puis croque dedans.

Ok, tu concèdes qu'ils sont effectivement bons et attends, quoi, cinq- tu t'étouffes sur la guimauve, le fixant avec des yeux ronds comme des soucoupes alors que tu reprends difficilement ton souffle. «Cinq boites ?» Tu jettes un coup d'oeil à l'intérieur pour évaluer le nombre qu'elles peuvent contenir et... c'est trop pour ta dent sucrée inexistante. Et comme s'il sentait ton reproche, Béring se lance dans une plaidoirie pour défendre le butin qu'il compte remonter vers la salle commune de Serdaigle. Avec ton aide, bien entendu, bien entendu.

«Béring, c'est pas une chaise centenaire qui va te tuer, mais le sucre.» T'avais dit ça d'un ton trop sérieux, ton ourson dont il manque désormais la tête pointé vers lui. «Damn, je parle comme Finn.» Tu te rappelles des trop nombreuses fois où il t'avait forcé à bouffer tes légumes — ainsi que d'autres mixtures étranges dont les conséquences sont encore désastreuses sur ta capacité à accepter quoi que ce soit qui est tombé entre ses mains, et maintenant, tu te transformes en mini lui.

En le voyant partir, tu attrapes les boîtes restantes, posant ton menton sur la plus haute, histoire de les retenir alors que tu jogges vers la porte pour le rejoindre. Y'a ton rire qui se mêle au sien, un sourire en coin scotché aux lèvres. «Si je meurs, tu peux être sûr que je vais te hanter et ruiner tes voyages aux cuisines en te rappelant le jour fatidique où j'me suis cassé la gueule dans les escaliers jusqu'à ce que tu n'ai plus envie de manger des oursons en guimauve.» Tu ponctues tes mots d'un clin d'oeil, puis entame la dure montée de ces fameux escaliers.

Pas l'air assez cruel pour être un esprit vengeur ? C'est qu'il a pas tord, tu te vois difficilement dans le rôle. Tu penses plutôt finir comme Nick Quasi-Sans-Tête, dans le cas hypothétique où, après ton trépas, tu devenais un fantôme. Un poil envahissant et toujours à surveiller les étudiants. Ca ne changerait pas grand chose au final, puisque c'est déjà un peu le cas.

«C'est bas de remettre mon équipe sur le tapis comme ça, capitaine !» T'allais enchaîner lorsqu'il parle de son départ, mais Béring n'a pas le temps de terminer sa phrase que le reste de celle-ci se transforme en exclamation surprise. Ça te fait sursauter — par chance tu ne rates pas ta marche, mais les boîtes vacillent dans tes bras. «Jesus Christ, j'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque, que tu souffles, plus pour toi que pour lui, tout en retournant vers le Serdaigle avec une mine soucieuse, rien de cassé ?»

Visiblement non, vu sa demande. Tu restes interdit quelques secondes, pèses le pour et le contre de le charrier un peu, mais fini par hausser un sourcil, faussement interrogateur. «Il s'est passé quelque chose ?» Je ne vais pas oublier ça, tu peux en être certain, ça compensera pour les remarques sur le Quidditch.

Son rire qui est contagieux, à Béring, et tu ne peux pas t'empêcher de le rejoindre. «Un peu, mais ça va. On a tous les deux l'air débiles, à rigoler dans les escaliers avec nos paquets.» C'est... plaisant. De ne pas avoir à se soucier de rien, d'oublier momentanément tous ses soucis et simplement profiter d'être un gamin de dix-sept ans. Ça te fait sourire, et un peu trop serein, tu t'approches de lui, cognant légèrement ton épaule contre la sienne. «Allez, courage, avec un peu de chance, surtout si tu ne tombes pas, on devrait y arriver !» Autant pour le je n'ai rien vu, rien entendu. Il est où le respect déjà ?

T'es aussi muet qu'une carpe quand il te lance sa version de ta réplique, plissant ensuite les yeux tout en levant un doigt vers lui. «Je vois Béring, je vois.» En plus, il a même fait une imitation de ta voix et... Est-ce qu'il vient d'essuyer une larme ? Mais c'est qu'il se trouve drôle en plus ! Encore une fois ; il est où le respect déjà ? Ta grimace offensée se mue toutefois en sourire, parce que, d'accord, tu le concèdes, c'était amusant. Ton ego devrait y survivre.

«Ce sont les oursons en guimauve ou toi, faut me dire tout de suite quelle est la priorité...» Tu laisses le reste de ta phrase en suspend, faisant mine de réfléchir, alors que tu l'observes. «En plus, ces oursons ne m'ont rien fait, eux.» Si ton timbre de voix est sérieux, y'a toujours cette lueur rieuse dans tes yeux qui annule automatiquement ce que tu viens de dire. Puis, t'es pas un monstre, tu ne le laisserais pas s'étaler au sol et risquer de s'exploser le crâne contre les marches sans rien faire. Crise cardiaque hypothétique ou pas.

«Parce que tu cherches à m'entraîner dans ton addiction maintenant ?» T'as beau dire ça, l'offre est grandement appréciée — t'en profite même pour en attraper un, mâchant silencieusement la sucrerie. Pendant quelques secondes, c'est tout ce que tu fais, les yeux rivés sur le couloir, puis y'a un léger sourire qui éclaire ton visage. Parce que tu ne regrettes pas être venu lui parler et même si ça avait été un poil awkward au début, il a su te rassurer. «Merci. Pour les conseils. Et contrairement à tes piques précédentes, pleines de malice, ta voix s'était fait sincère. «Et le chocolat.»

T'inclines légèrement la tête, à défaut de pouvoir lui ressortir l'éternelle courbette, quand il dit que ses colocataires n'ont pas relevé l'immense défi qu'un périple aux cuisines représentait. «Pas de quoi, toujours en quête de dangers à affronter tu vois. Honneur de Gryffondor, tout ça.»

Tu rigoles approximativement trois secondes à ta blague, avant de t'étouffer avec les restes de ton ourson quand le Serdaigle te propose son numéro. Sauf qu'il ne voulait pas dire ça comme ça, et toi t'es en train de crever sur ton morceau de chocolat sous le coup de la surprise. Y'a même une larme qui perle sur tes cils quand tu arrives enfin à reprendre un souffle normal. «Stresse pas trop capitaine, tu vas finir avec des cheveux blancs avant l'âge.» Tu te veux amusé, mais t'as plus une grimace scotchée au visage qu'un sourire, les relents de ta presque mort encore présents. «Mais ce serait toujours utile, au cas où j'ai une question existentielle concernant le Quidditch qui m'empêcherait de dormir.» Pause. «Par contre, tu risques d'être l'heureux destinataire des vidéos étranges que je trouve sur internet. J'espère que t'es prêt ?»

T'observes Béring, puis les escaliers et y'a un élan déception qui s'agite dans un recoin de ton esprit. Il est d'agréable compagnie, ça t'as fait changer d'air et ça t'as tiré de tes pensées. «Si t'as de nouveau besoin d'aide pour rafraîchir les stocks, hésite pas. Ça me ferait plaisir d'aider.» Tu pointes du menton l'entrée du couloir qui se dessine un peu plus haut. «Puis ça fait toujours un work-out de plus.»