Deux pas après la vie, trois pas avant la mort — NeptuneっRachel

Les talons avaient claqués rapidement dans les couloirs avant qu'elle ne disparaisse à l'intérieur des appartements des Scamander. La poignée s'était tournée puis elle était entrée, posant sur Rachel un regard bien plus qu'inquiet. Celui-ci s'était adouci lorsqu'il s'était posé sur le petit endormi, et d'une tendresse bien trop grande elle avait déposé une furtive caresse sur le haut de sa tête. Elle avait amené du thé bien sûr, parce qu'elle voyait bien Neptune à quel point la mère était fatiguée. Il lui fallait se reposer, mais même sans connaître tout les détails de cette histoire, elle se demandait si c'était bien possible. Rachel devait veiller sur son enfant, pas vrai ? Au même titre qu'elle, au même titre qu'Isaac, à qui elle adressa à peine un sourire, qui devait veiller sur eux deux. Elle avait prit un temps pour répondre, quelques secondes tout au plus puis elle s'était relevée.

« Je vais te faire un thé, avait-elle déclaré avant de se tourner pour s'y affairer. Et je n'ai pas croisé Orphan, non. »

À dire vrai elle n'était pas sortie pour ça alors elle n'avait pas pensé à parcourir tout le château à la recherche du mari qui, à tous les coups, était dans son bureau -enfin bon. Elle avait mit un peu d'eau à chauffer, puis quelques feuilles à infuser avant de commencer à se préparer un café.

« Isaac, tu en veux ? »

Et au final peu importait bien, puisqu'elle lui avait quand même offert une tasse, la déposant près de lui d'un coup de baguette tandis qu'elle retournait près de Rachel. S'il en voulait il pourrait bien en boire, autrement tant pis. Le plus important restait sa collègue qui visiblement peinait à rester parmi eux. Beaucoup trop épuisée, évidemment qu'elle ne pouvait pas aller bien. Les tasses posées sur la table basse, Neptune s'était ensuite tournée vers Rachel.

« Tu permets que je le porte ? Le temps que tu boives ton thé. Tu es épuisée Rachel. »

Et ça m'inquiète.
Réellement.

Elle avait sourit tendrement au nourrisson endormi dans ses bras tout en le berçant lentement. Puis ses iris avaient de nouveau dérivés sur toi, glissant des cernes sous tes yeux à la pâleur de ta peau non sans esquisser une très légère grimace. Ça n'était pas bon, et elle était presque sûre que même Orphan ne pourrait rien faire pour toi si la situation ne se débloquait pas rapidement. Tu semblais sur le point de craquer, Rachel, et te voir ainsi lui faisait mal au coeur. Pourtant elle n'avait rien dit de plus, laissant le silence se glisser entre vous pour te donner le temps peut-être de remettre quelques pensées à l'endroit. Vivre enfermée toute la journée n'était en rien agréable, qu'on soit en prison ou dans les appartements du Directeur de Poudlard. Les deux avaient le même effet, il n'y avait que la dorure de la cage qui changeait.

D'une main habile elle récupéra la tasse vide pour la déposer sur la table, sans trop savoir quoi répondre à tes interrogations. Les êtres humains étaient incroyablement compliqués, et chacun avait sa propre vision de ce qui pouvait être bon ou non. Ça ne relevait pas de ses compétences, elle-même se sentait souvent perdue dans ces moments-là. Et elle se demandait si ses choix avaient été les bons -que ce serait-il passé s'ils avaient été différents ? La réponse resterait toujours la même.

« Je crois sincèrement que tu es quelqu'un de juste. Être juste ce n'est pas forcément avoir raison, c'est aussi accepter d'avoir tort, souffla-t-elle doucement en perdant son regard dans le vide, près de la table basse. Je ne peux pas te dire que j'approuve chacun de tes choix, mais je sais que tu as toujours fais au mieux pour vous préserver ton enfant et toi. »

Elle t'avait adressé ensuite un doux sourire pour tenter de te rassurer.

« Ça prendra du temps pour ordonner tes pensées, mais si tu n'oublies pas tes valeurs alors ça devrait aller. »

Pour l'instant c'était un peu difficile, mais elle avait bon espoir qu'un jour tout finisse par s'arranger. Il le fallait, ça n'avait que trop duré.

Je ne crois pas avoir eu tords.
C'était déjà un bon début, mais ça n'était pas l'avis de tout le monde et tu semblais désespérée Rachel en prononçant ces mots. Tu l'étais, au bout du rouleau. Neptune ne pouvait que comprendre, te comprendre toi autant sans doute que ceux qui ne partageaient pas ton avis. Si tout le monde pensait pareil, la vie ne serait pas ce qu'elle est, aussi enrichissante que douloureuse. Aujourd'hui, à l'heure actuelle, c'était la douleur qui primait, parce que les doutes et la colère n'étaient là que pour blesser. Jamais pour aider.

« Nous avons tous une sensibilité et un vécu différent. Il est difficile d'être toujours en accord avec ton opinion. »

Elle même n'était pas bien sûre que ce qu'elle disait t'aiderait réellement, seulement elle tentait d'être honnête tout en mettant de l'ordre dans ses pensées. Discuter avec toi l'aidait à corriger sa vision du monde et de ceux qui le peuplaient, de remettre à jour ses propres convictions. Il fallait faire ce qu'il faut, de façon égoïste car personne ne le ferait pour toi, à moins d'y avoir à gagner.

Tout en berçant tranquillement le nourrisson dans ses bras, Neptune t'écoutait. Une œillade légèrement surprise en guise de réponse à cette phrase à laquelle elle ne s'attendait pas mais qui, après réflexion, ne la surprenait pas tant que ça. Elle connaissait Orphan depuis longtemps mais toujours moins bien que toi, c'était un fait, et elle savait, Neptune, qu'au fond il n'était pas si bon qu'elle l'espérait. Ou l'inverse, une véritable énigme qu'elle n'était pas certaine de vouloir percer. Cependant, tout le monde faisait des fautes non ? Parce que tout le monde jugeait ce qui ne convenait pas comme une faute, sans savoir que ça ne l'était pas forcément. Tout se faisait pour une bonne raison et, finalement, votre problème était le même, Rachel. Tu ne crois pas ?

Tandis que ton rire stoppait sa réflexion, elle prit quelques secondes pour chercher ses mots avant de te répondre -ravalant en même temps l'infime esquisse qui s'était dessinée à la mention d'Isaac. Un monstre. Peut-être bien en vérité.

« Je n'ai pas tous les détails, même si elle en savait sans doute assez, mais suis ton propre chemin. Te conformer à l'avis des autres, surtout dans une telle situation, ça te tuera, Rachel. »

Son regard se porta sur le nourrisson endormi qu'elle berçait toujours, lui adressant un sourire qu'il ne verrait pas avant de te regarder de nouveau.

« Ton fils a besoin d'une mère à ses côtés. »

Sans vouloir te rajouter de pression.