flashback ❞ (castiel)

Les saisons passent et le bien trépasse. Depuis combien de temps étais tu dans cet état ? Jeune homme devenu loup, devenu prédateur et pourtant encore si jeune. Castiel Kingsley n’a toujours pas perdu de sa superbe. Tu es toujours aussi fort, et plus rapide. Plus… sensoriel. Et malgré tout ce qu’ils pouvaient dire de toi, t’admirer dans tes faiblesses, tes impulsions, tes prouesses. Tu demeurais un enfant traumatisé par la Bête qui venait de se réveiller en toi. Et personne ne se doutait une seule seconde que tu pouvais arracher leur jugulaire avec les doigts, au détour d’un couloir mal éclairé par l’astre roi.

Tu longes la forêt, souvenirs encore imprégnés dans tes cellules. C’était ici que tu avais passé la nuit de l’enfer, transformé il y a à peine quelques mois en cette créature infernale. Cette bête ancestrale.

— « Ce que je fais là ? A ce que je sache, les coins discrets pour chialer en secret appartiennent encore à tout le monde. »

Tu fronces les sourcils, la dévisageant de ce sourire arrogant qui te caractérisait si bien aux yeux des autres.

— « Je pensais pas que tu étais capable de pleurer, Bella. »

Tu sors une clope de ta poche et l’allume en claquant des doigts. Une vieille technique de fumeur sorcier. Rien d’extraordinaire. Tu t’approches d’elle, franchissant la limite sans même lui demander la permission. T’es comme ça, tu prends, tu te serres, et tu rends si ça vaut le coup.

— « Que se passe t-il ? Tes parents et ton école te manque ? Ou bien tu t’es fait prendre par un mec qui a fini par te jeter ? Dans tous les cas, je suis prêt à te consoler. »

Tu l'observais de haut en bas Castiel. Bella n'était pas réellement le genre de filles qui pleurerait pour les autres. Si elle versait ses larmes, c'était pour elle même et elle seule. Tu ne te souviens pas avoir pleuré pendant des années jusqu'au jour ou ta vie avait basculé, ou tu avais attendu la mort pendant des heures dans cette forêt, un morceau d'épaule en moins, le corps paralysé et le cadavre de ta baguette brisé devant toi.

Qu'elle pleure dans cette forêt, même près de l'école, te rappelait par flashs cette horreur qui te hantait encore.

— « Généreux ? Tu ne me connais pas encore. Mais j'accepte ce compliment, tu ne peux plus le retirer. »

Tu t'abaisses, à croupi devant elle, relevant le menton pour l'observer. Elle croise les bras et un sourire perfide étire tes lèvres. Pas prêt d'arriver ? C'était bien une serpentarde après tout. A croire que celles qui avaient le plus de fierté et d'indépendance psychologique étaient là bas. Ou du moins, celles qui en donnaient l'illusion, peut-être pour dissimuler leur vraie nature.

— « Il est vrai que certaines ont du pleurer. Indépendant de ma volonté, je te l'assure. »

Tu fronces les sourcils, enfonçant tes ongles dans la souche d'arbre sur laquelle était assise. Tu tires un coup, machinalement pour griffer l'écorce. A sang.

— « Mais je préfère les faire crier. Si tu vois ce que je veux dire. »

Tu te redresses sur cette mauvaise blague, serrant le poing pour dissimuler le sang s'écoulant de tes ongles abimés. écorchés.

— « Parle moi Rahman. Je me fiche de tes problèmes, je serais plus enclin à ne pas les répéter. Et on dit souvent que parler soulage l'esprit. »

Tu avais pensé au début que les paroles de cette fille s'envoleraient comme des paroles en l'air. Futiles.
On a tous nos problèmes n'est-ce pas Castiel ?
Mais quand ça touchait la famille, tu ne pouvais pas rester froid. Et même, tu ne pouvais plus rester froid.
Alors que le sang qui coule dans tes veines n'avait jamais été aussi brûlant.

— « Tu les emmerdes. La famille, c'est toujours de la manipulation. Même soi-disant bienveillante hein... Mon cul, on te demandera toujours de faire ça car "oh mais c'est ta famille" ... Non. Je ferais ce que j'ai envie et vous irez vous faire foutre. »

Tu la compris que trop bien, sur l'instant.
Isabella donnait, elle s'offrait trop rapidement, trop facilement. En combien de temps avais-tu réussi à lui extorquer la raison intime de ses larmes infimes ?
Le sang s'écoule de ton poing pour venir s'écraser sur l'herbe encore verte. Il tâche l'emeraude brillant d'une souillure qui te rappelle cette nuit là.

Tu choisis alors de te plonger dans les yeux dorés de la jeune fille, ses battements de cils tu les détailles et ils t'apaisent l'âme.

— « Il est parfois malheureux de rendre compte trop tard de sa misère. Mais ça te forgera pour plus tard. Ou ça te détruira, si tu es trop faible pour supporter la douleur et la solitude. »

Tu lui tends la main, celle qui n'avait rien.

— « Je me répète, que puis-je faire maintenant pour calmer ta peine immense ? »

Elle était de celle que Castiel ne voudrait jamais blessé. Mais qu'il détruira un jour ou l'autre. Car même avec toute la volonté du monde, la porcelaine s'écroulait entre tes doigts Castiel. Alors tu recherchais inlassablement la compagnie fort tentante de ces femmes que rien ne pourrait faire mettre genoux à terre. Des filles comme Fenry ou Olympe sans doute. Mais derrière leurs poings se dissimulaient leur coeur, que rare étaient ceux qui avaient pu en témoigner.

Bella prend ta main et tu la serres pour l'aider à se relever.

— « Oh non, je suis loin d'être sage. C'est un piège, un leurre. Ou peut-être que oui tu m'assagis. »

Tu étais fort quand même.
Tout dans les paroles.
Et un peu dans le physique quand même ?

— « Le venin n'est pas ma spécialité. Je suis plus dans une attaque brutale et tout aussi douloureuse. Je fonce dans le tas. Si tu veux, je les bousculerai pour toi s'il s'en prennent à toi. »

Et tu l'as fait, depuis.
Plus d'une fois.

Elle te demande d'en dire plus sur toi. Tu grimaces, parce que t'aimais pas vraiment parler de toi. Ni même parler tout court. Les gestes et les actes en valaient plus à tes yeux que n'importe quelle jacasserie.

— « Hmpf, si tu veux. Je suppose que tu veux te régaler de mes malheurs. Alors c'est parti. Mon père est un connard de sang-pur égoiste qui n'intègre pas le fait que je ne veux pas reprendre sa place au ministère. Honnêtement, moi ? Sous-secrétaire d'etat ? Tout ce que je veux c'est voler. Etre attrapeur de quiddtich dans l'équipe nationale. »

Tes yeux se colorent d'une lueur dorée.

— « Et puis... »

Tu peux pas lui dire que si tu l'avais rencontré la nuit prochaine, tu l'aurais dévoré.

— « Et puis je suis plutôt tendu depuis quelques mois. »

Il était rare qu'on s'intéresse à ce que tu penses Castiel. Car tu n'étais pas attendu pour tes réflexions poussées, plus pour tes actions musclées.
Et Bella dialoguait avec toi, comme si tu étais piégé dans une conversation ou tu devais parler de toi, sans pouvoir y échapper.

Et ça se voit dans tes yeux que t'es tendu avec le sujet. Ça se sent dans ton souffle que tu te retiens de toutes tes forces de te jeter sur elle, ton esprit la visualisation déchiquetée en lambeaux de chair. Mais de cette fragrance métallique de l'hémoglobine qui coulerait à flot, tu ne croyais plus pouvoir t'en défaire.

Elle t'arrache de tes pensées, tu as encore serré le poing, et le sang se remet à couler.

— « Hm ? Me sentir seul ? »

Tu aurais du répondre simplement "non" vu que tu étais plutôt bien entouré. Par tes amis et par les autres.
Ouai, t'étais loin d'être seul.
Mais personne ne pouvait te comprendre comme tu le souhaitais. Pas même Olympe, peut-être Croyance. Et encore.

— « Parfois. Mais je ne suis jamais seul. C'est plus ... à l'intérieur." Tu te mets à rire d'un air nerveux. "Et même à l'intérieur... je ne suis jamais seul. »

Tes yeux se colorent d'une lueur dorée. Comme si le loup en toi venait d'approuver. Il ne cessait de prendre de la place et parfois tu voulais juste hurler.

— « Je ne voudrais pas te filer des cauchemars ma chère. Je suis là pour te vendre du rêve, je te rappelle. »

Tu attrapes son bras de ta main libre et tu colles ton front contre le sien, un rictus charmant et charmeur perché aux lèvres.

— « J'ai fait le premier pas, je te laisse faire le suivant. »

Elle était presque hypnotisante. Ses yeux de biche et ses cheveux ébènes qui frôlaient la couleur du charbon. Magnifique. Mais pourtant Castiel, ce sont ses larmes et sa fragilité qui t'avaient attiré au départ. Pas ses lèvres pulpeuses et ses formes qu'elle érigeait comme des remparts.

— « Oui, exactement. »

Tu restes sur tes positions, le regard avide et fier, les épaules relevés et les mains dans tes poches. A l'allure feroce. Mais elle s'avance et brise cette barrière, se collant à toi d'une manière sûre d'elle. Elle cherche peut-être à savoir jusqu'ou tu serais capable d'aller. Et la vérité, c'est que tu la connais pas mais t'as déjà envie de l'embrasser. Elle vient chercher tes poignets pour placer tes mains sur ses hanches.

— « Oh, tu es du genre à demander ? »

Tu approches ton visage et vient déposer un baiser sur son front, descendant tes lèvres sur sa joue, remontant à son oreille pour murmurer d'une malice bestiale.

— « Si tu le veux, viens le chercher. »

Ton regard pétille Castiel, car la réalité c'est que tes mains se serrent à la cambrure de son bassin, tu la tenais tout contre toi sans pour autant être déterminée à la lâcher. Tes pupilles se colorent d'une lueur d'or alors que tu viens dévorer ses lèvres sans même attendre qu'elle se serve.

— « Je ne prends jamais, par pitié. »