Il s'étonnait encore d'étudier avec conviction malgré ses facilités et toutes ces choses qui lui occupaient l'esprit en ce moment, installé un peu à l'écart dans une salle commune pleine d'élèves aussi silencieux que des endeuillés face à une tombe, il profitait de se calme pour tenter de se re-concentrer. Une grimace lorsque ses doigts entaillés le lancent, ça ne serait pas si simple de se remplir la tête de textes de lois et de traités vieux comme le monde si la douleur ne cessait pas de venir l'agacer. Il avait la flemme, finalement, c'est vrai que ça lui avait semblé bizarre d'avoir un tel élan de motivation aussi soudainement. Le grimoire s'était refermé en un claquement bruyant qui en fit sursauter quelques-uns, il y avait eu des regards bien vite détournés par la fureur du sien qui les scrutait. Il les défiait de venir ne lui faire ne serait-ce qu'un reproche. Un seul mot et ça aurait été son sang mélangé à celui du dernier qu'il avait massacré, et dont les plaies n'avaient pas encore cicatrisées, qui repeindrait avec le leur les murs de la salle commune.
Le vert ne lui allait pas au teint. Bien au coeur, visiblement. Mais le carmin restait bien plus charmant.
D'un pas rapide il avait retrouvé sa chambre, avant de s'écrouler dans son lit à la suite d'un long soupir fatigué. Cela se faisait longtemps qu'il ne se demandait plus depuis quand il avait cessé d'être animé, vivant, presque rayonnant. Presque. C'était le boulot des Baxter de rayonner pleinement après tout.
Il vibre, et c'est comme si son univers s'écroulait, son téléphone. Il ne la voit pas venir, la fin de son monde.
Un grognement fatigué et il s'était précipité à tes côtés sans même prendre la peine de répondre à ton sms, essayant d'ignorer du mieux qu'il pouvait les pré-sentiments si mauvais qui ornaient son coeur. Vous ne vous voyiez plus si souvent ces derniers temps, et ce message paraissait l'inquiéter plus qu'il ne le faudrait. Incapable de savoir quoi en penser, et irrité d'avoir été dérangé. Il aurait pu brûler la Terre entière pour toi, mais à la place, c'est une esquisse quasi gelée qui t'accueille au détour d'un couloir proche de sa maison. Il devrait te sourire pour avoir prit la peine de descendre jusqu'à lui, pas vrai ? Il n'en avait pas envie. Pas aujourd'hui. Et il ne comprenait toujours pas ce qu'il faisait là, s'il n'avait pas envie.
Alors peut-être que finalement... Il s'inquiétait. Il en avait envie.
Il ne savait plus, même en te voyant si près de lui, Joy.
« Ça avait l'air important, qu'est-ce qui t'arrive ? »
Ça te taraudait depuis trop longtemps déjà. Habituée à voir son visage s’illuminer chaque jour, à rire avec cette tête blonde que tu affectionnais comme ton propre sang, tu te retrouvais depuis février avec une sensation de vide et l’impression constante que quelque chose avait changé depuis cette chasse aux plumes. Sans dire que tu étais inquiète, tu te savais préoccupée de ce qui pouvait arriver à Kain. Peut-être te trompais-tu depuis le début, peut-être que tu te faisais du souci pour rien au fond, mais tu devais en avoir le cœur net Joy. Tu devais le voir de tes propres yeux.
Après les cours, après avoir vu tout le monde se goinfrer, tu t’étais éclipsée de ta salle commune pour rejoindre les sous-sols que tu connaissais maintenant comme ta poche. Ton portable en main, tu salues quelques amis qui passent par là – tu connaissais trop de Serpentards pour ton propre bien – en laissant tes doigts pianoter une invitation pour ton frère de cœur de te rejoindre à l’extérieur de son dortoir. Adossée au mur, tu l’attends, nerveuse, au détour d’un couloir peu fréquenté pour vous accorder un peu d’intimité. Heureusement, la nervosité n’a pas trop le temps de monter que sa silhouette approche, étirant le sourire sincère sur ton visage qui se brise à l’instant où il ouvre la bouche.
Pas d’accolade. Pas de sourire. Votre complicité avait été entachée quelque part et, pour une raison qui t’échappait, tu ne voyais pas ce que t’avais pu faire pour l’irriter à ce point. Ce cœur qui se serre à l’idée que quelque chose de grave se soit produit n’est pas le même qui battait si vigoureusement de bonheur à sa vue des semaines plus tôt. Venir ici était peut-être une erreur finalement. Et pourtant, même si tu avais déjà la réponse à ta question, il fallait lui répondre, rediriger les questions vers ce qui occupait tes noires pensées.
« Je me faisais du souci pour toi. On ne s’est pas vus depuis… Depuis cet événement inter-écoles. » Ton regard le détaille, cherche à percer la carapace qu’il construisait parfois, mais l’ombre dans ses iris n’augure rien de bon pour toi. « Ça va? »
Et le mensonge paraissait plus flagrant à mesure que les mots se succédaient. Il n'avait pas caché les blessures de se mains et malgré la pénombre constante du lieu il ne doutait pas un instant que tu finirais par les apercevoir. Il préférait ne pas y penser, et agir, oui agir, aussi naturellement qu'il le faudrait. Et tout sonnait si faux dans ce naturel préfabriqué où les rires et les sourires n'existaient plus. Il avait fait un pas pourtant, un pas léger et empreint de la tendresse des jours d'avant, rapidement masqué par cet autre plus dur et moins serein; et tandis que les pas se bataillaient si cruellement il avait finit par se rapprocher de toi, le regard un peu inquiet il fallait l'avouer. Une main dans tes cheveux, maladroite comme le faible sourire qu'il tentait d'étirer, rapidement détrôné par ses traits fatigués.
« Tu t'inquiètes pour rien, et il aurait aimé que ce soit vrai. »
Mais ses doutes demeuraient bien trop présents et son coeur ne cessait de flancher. Il ne devrait vivre que pour un seul but et pourtant, pourtant tu avais cette capacité à le désarmer Joy, à le faire redevenir un enfant. Seulement aujourd'hui tout ça ne fonctionnait plus vraiment, et l'innocence que tu savais si bien réveiller avait été pervertie par des désirs bien plus méprisables qu'il n'y paraissait. Ses doigts s'étaient crispés, tu devais en ressentir leur légère pression sur le sommet de ta tête.
« C'est pour ça qu'tu voulais m'voir ? T'as pas d'problèmes toi ? »
Parce qu'il pensait qu'il t'était arrivé quelque chose de grave sans réaliser qu'il était la seule et unique cause du mal qui t'avait poussé à venir le confronter. Il est sincère dans l'inquiétude des mots qu'il t'adresse, et pourtant ça ne sonnait pas si beau. Tout était moins chaleureux tout semblait beaucoup plus las et doucement il s'enfonçait.
Dernière édition par O. Kain Heikkinen le Mar 25 Juin - 18:26, édité 1 fois
Joy McCullen
Eleve sang-mêlé
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Re: [END] fêlure - 03/2029 (joy) Ven 17 Mai - 5:04
you break me down you built me up believer
Tu ne le crois pas du tout. Incapable de voir autre chose que ce mensonge et pourtant tout aussi incapable de voir ce qu’il cachait. « La dernière fois que tu m’as dit ça, t’allais pas bien Kain. » Et sa proximité aurait dû te rassurer, t’assurer qu’il allait bien, mais t’étais incapable de te détacher de ce pas robotique, de son enthousiasme disparu, de ses doigts durs contre ton crâne. Aussi froids que ses traits, comme si un poids énorme pesait sur ses épaules. T’aurais envie de te blottir contre lui, de le serrer contre toi en murmurant que tout irait bien, mais tu sens un mur entre vous, un mur qui n’avait jamais été là auparavant.
Ton regard se pose sur lui, le détaille, indécis et pourtant déjà convaincu qu’il lui manquait une information pour saisir ce qui se passait. La pression sur ta tête s’accentue et tu fronces des sourcils, soudainement inquiète. Il dégageait quelque chose d’inquiétant, d’imprévisible et de dangereux. « Oui c’est pour ça. Pour toi. » Ta main s’élève pour se poser sur sa joue, tendre caresse suivie d’un sourire amer. « J’ai pas le monopole des problèmes, t’as le droit d’en avoir toi aussi. J’peux aller te voir même quand ça va bien, non? » J'peux être là pour toi moi aussi. Ça te passe à l'esprit, sans plus, certaine que même si tout flanchait tu serais là pour lui, qu'il te conserverait une place dans son cœur pour le rassurer et accumuler ton soutien.
Tes prunelles plongées dans les siennes, tu l'observes sans comprendre où était réellement le maux qui le torturait. « Alors qu’est-ce qui va pas Kain? Je le vois bien que ça va pas, arrête de me mentir s’il te plaît, j’pense qu’on vaut mieux que ça. » Et peut-être que finalement tu ne le connaissais pas si bien que ça.
Re: [END] fêlure - 03/2029 (joy) Dim 19 Mai - 18:59
La dernière fois... La dernière fois, c'était quand déjà ? Tout lui semblait si futile et le temps complètement distordu depuis l'apparition de cet homme dans sa vie. La dernière fois, il se souvenait de ton visage et des mots que tu lui avais adressé, comme des prières pour l'aider à avancer. Il se souvient les avoir écoutée, avoir médité dessus un moment pour finalement décider d'avancer. Il t'avait rejoint, le corps tremblant de peur du traumatisme qui n'était jamais vraiment partit, la dernière fois. Mais aujourd'hui tout était différent. Lui, toi, tes pensées et ses ambitions. Plus rien ne concordait et ça le désolait. Pourtant tu ne lui avais toujours voulu que du bien, alors pourquoi est-ce qu'il ne te regardais plus comme avant, Joy ? Il ne t'avait pas répondu, avait préféré éluder ton affirmation.
La caresse de tes doigts sur sa joue lui arrachèrent un frisson. Il avait fermé les yeux pour s'imprégner de toute la tendresse que tu venais lui offrir, écoutant par la même tes doutes et tes questionnements. Il n'avait pas bougé, simplement serré le poing sans savoir contre qui réellement il devait renvoyer les sombres sentiments qui le hantaient. Tu étais là pour lui et il n'était même pas capable de t'en être reconnaissant. Il se détestait.
« Tu peux, bien sûr que tu peux, avait-il soufflé tout en ouvrant les yeux pour croiser vos regards, c'est juste que- »
Que quoi Kain ?
Il avait soupiré, comme pour se donner du courage. Il était fatigué et tout ça le lassait autant que cela lui brisait le coeur. Il valait mieux pour toi que tu n'interfères pas Joy, il ne voulait pas te faire de mal. Et pourtant.
Pourtant.
« Ne cherche pas à savoir, s'te plait. Je vais bien Joy, t'as pas à t'inquiéter. »
L'air franchement ennuyé, n'avait toujours pas bougé. Le regard plus dur pour te dissuader, sachant que tu moquais bien des barrières qu'il t'imposait. Tu t'inquiétais, à raison. Alors pourquoi écouter les conseils d'un type qui mentait si mal ?
Plus rien n'était comme avant. Tout avait déjà changé.
Dernière édition par O. Kain Heikkinen le Mar 25 Juin - 18:29, édité 2 fois
Joy McCullen
Eleve sang-mêlé
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Re: [END] fêlure - 03/2029 (joy) Sam 1 Juin - 18:33
you break me down you built me up believer
Ses mots se font rassurants et pourtant tu ne peux t’en satisfaire, persuadée au plus profond de tes tripes qu’il ne te dit pas la vérité. Oh Kain n’avait jamais su te mentir, encore moins te leurrer par de belles paroles vides de sens. Pour t’éloigner, instaurer une distance. Te tenir loin de lui, loin de cette affection qui avait pour habitude de vous unir complices. Il avait mis fin à ton accès à son cœur. La pire chose qu’il pouvait te faire au vu des circonstances. Toi, inquiète devant lui, à juste titre au final puisqu’il refuse de se livrer comme avant. De te dire ce qui ne va pas, enchaînant avec un refrain de « t’as pas à t’inquiéter » qui veut dire exactement l’inverse.
Et t’en as marre d’être sur le banc de touche. Blessée de te faire mettre à l’écart de ce frère qui ne partage pas ton sang, de te voir éjectée d’une relation qui n’était qu’affection sincère, confiance et rires, tu l’observes détruire les dernières briques qui formaient le mur de votre lien. Mais tu ne comptais pas rester là les bras croisés pour l’observer démolir ce qu’il vous restait. « Arrête de mentir. »
Ta voix s’élève, se renforce par la peur de le perdre et la colère de le sentir couper les ponts avec autant de facilité. « Quelque chose a changé. » Tu ne dis que la vérité, ta vérité. « Kain merde tu peux pas me repousser comme ça ! » Et tu te fâches, outrée qu’il persiste à te fermer la porte sur son cœur, comme si t’étais pas assez bien finalement pour avoir la clé. « J’vois bien que quelque chose tourne pas rond, et tu penses que j’vais t’abandonner comme ça? »
À bout de souffle d’avoir crié tes poumons, tu l’observes, haletante de rage et d’impuissance, espérant qu’il reviendrait sur sa position.
Re: [END] fêlure - 03/2029 (joy) Mar 25 Juin - 18:57
Arrête de mentir. Arrête de chercher.
Il avait serré les poings sous la frustration soudaine qui s'était insinuée en lui, cette pulsion qui lui hurlait de déguerpir avant de faire quelque chose que vous regretteriez tous les deux. Il ne voulait pas te faire de mal tu sais ? Jamais il ne voudrait te faire mal, et pourtant il te regardait toujours, planté là comme un con devant toi. Il te regardait et se retenait. T'écoutait hurler ta peine, et se retenait.
Arrête de mentir. Arrête de forcer.
Arrête de mentir. C'est pour toi, Joy.
Arrête de mentir. C'est pour toi, qu'il fait tout ça.
« Arrête..., avait-il murmuré si faiblement que tu ne l'avais pas entendu. »
Arrête. Ne reste pas là. Ne cris pas Joy. Tu vois pas qu'il essaie de te protéger ?
Mensonges. Égoïste.
Il n'en pouvait plus.
Kain merde tu peux pas me repousser comme ça ! « Ta gueule ! Ta gueule ! Ta gueule putain ! Joy ta gueule ! »
Il avait crié aussi et pourtant tu avais continué. Tu lui avais dis toutes ces choses censées qu'il ne pouvait pas accepter. Kain aujourd'hui n'avait plus envie de faire l'effort de rien. Et à t'écouter encore et encore il s'énervait. Et à s'énerver
Il avait finit par
Par
Poser sa main sur ta joue. Sans délicatesse. Il t'avait giflée.
En réponse à ta question.
« J'ai pas b'soin d'un chaperon Joy ! J'ai pas b'soin d'toi alors pourquoi t'insiste ? J'ai pas besoin d'aide j'vais bien ! Pourquoi tu comprends pas ?! Putain Joy pourquoi tu comprends même pas ça ??! »
Les mots sortis sous la colère avaient de loin dépassés ses pensées seulement, après t'avoir hurlé tout ça il n'avait rien fait pour se rattraper. Il regrettait déjà. Il n'en valait pas la peine.
Sa voix qui se fait violence contre tes tympans aurait dû être la cause de ton choc. C’est le tranchant de ses mots qui aurait dû te blesser, le rejet qu’il t’intimait malgré toi. Il ne voulait plus de toi, il n’avait plus besoin de toi. Ses paroles étaient claires, limpides et sans appel. T’avais même pas eu la chance de plaider ta cause. Votre amitié ne valait-elle donc rien à ses yeux? Après toutes ces années, votre complicité s’est vue mutilée en quelques secondes. Par son refus.
Et par sa main sur ta joue. Pas pour la caresser. Pas pour te rassurer. Pour te faire mal.
Surprise, ta tête suit le mouvement naturel donné par sa gifle, les yeux grands ouverts. Sonnée. Blessée. Brisée.
Jamais tu n’aurais cru Kain d’une telle violence à ton égard. Jamais tu ne l’aurais cru capable de te faire du mal, surtout pas physiquement. Tu tombes des nues Joy. Peut-être que tu n’aurais pas dû insister. Peut-être que de le confronter n’était pas la meilleure option. Vivre dans le mensonge non plus, tu t’en rendras compte bien plus tard, mais sur le coup, sous l’impulsion du moment, tu ne peux pas tolérer cette douleur. Ce cœur si tendre qui se voit à nouveau brisé en mille morceaux.
Les larmes roulent sur tes joues et tu ne les sens pas couler, complètement déconnectée de la réalité. La vision floue n’aide en rien – et il pleut pour que ton visage soit si mouillé? Tu ne penses même pas à partir. À aller te mettre à l’abri. À te réfugier dans les bras de cette nouvelle personne qui, elle, ne semblait pas vouloir te frapper. Trop concentrée sur le fait de ne rien ressentir. De ne plus rien ressentir.
Maintenant et à jamais, engourdir tes sens pour ne plus souffrir. Plus jamais.
- -eux pas me repousser comme ça! - Ta gueule, ta gueule, ta gueule putain !
A peine aurais-je normalement pris la peine de sourciller. J'aurai peut-être souris, balancé un pic sournois sur ce manque évident de courtoisie, répondu un "ta gueule" en retour à celui qui faisais le plus de bruit en tentant de rétablir le silence. Ou plus probablement aurais-je juste tourné mon regard en direction du raffut partiellement capté au fur et à mesure que je m'en approchais, sans expression, sans avis, et aurait repris ma conversation normalement.
Sauf qu'avant que mon attention se détourne complétement de cette altercation, j'en reconnu les protagonistes. "Joy, ta gueule!" avait-il dit. "Ta gueule", avait-il menacé à celle qui tentais visiblement seulement de lui venir en aide. Comme toujours.
Mon sang ne fit qu'un tour. Dès que le prénom de Joy fut prononcé, c'était comme si mes pieds s'étaient dérobés, se dirigeant aussitôt dans le couloir d'où venait leur discussion houleuse. Je ne suis même pas sûr d'avoir dit quoi que ça soit au camarade avec qui je conversais avant de disparaître au pas de course.
Je ne tardais pas à distinguer leur silhouette. Kain me tournait le dos, et c'était le visage troublé de la Griffondor qui me faisait face. Sa joue est rougie, probablement par la main du blond toujours en mouvement, alors qu'il lui hurlais dessus de tous ses poumons.
Trop tard.
Au moment où j'atteins enfin le Serpentard, la brune est déjà en larme. Un spectacle que je ne peux m'adonner à voir. Les iris assombries par la colère, j'attrapais l'épaule du jeune homme avec force pour le détourner de sa victime. J'avais rarement ressenti l'adrénaline m'animer de la sorte. La force dans mes bras n'était pas cette que j'imaginais, bien plus puissante. Assez pour faire reculer ce grand gaillard en tout cas. Ca a dû me convaincre que je pouvais faire le poids, j'imagine, car avant même que je ne le réalise, je l'avais déjà chopé par le col.
- Pose pas tes sales mains sur elle!
Une seconde, j'avais l'impression d'être en contrôle. De l'avoir à portée de main. Mais ma conscience ne tarda pas à frapper. "Pas devant Joy." La suivante, je sentais mon poing se relâcher. Mes iris pas moins transperçantes, je ne le lâchais pas du regard. Fallait que je déverse la rage qui coulait dans mes veines, à un moment où à un autre. Juste. Pas maintenant.
- Demain, au coucher du soleil, sur le terrain de Quidditch.
Chuchotés juste avant de faire volte face, il m'avait fallu bien plus de contrôle que ce que j'aurai imaginé pour me contenter de cette phrase. Une frustration déportée sur ma lèvre inférieur, alors que j'attrapais la main tremblante de la brune. Sans un mot, je me hâtais de l'amener loin d'ici. Nous amener loin d'ici. Pendant que mon sang-froid le permettait encore.
Il y avait eu comme un blanc, une sorte de vide après une colère trop grande et ce geste qu'il ne regrettait pas encore. Sa main n'avait pas bougé, toi non plus tu n'avais pas bougée. Il n'y avait eu que tes larmes et son visage baissé incapable d'en témoigner. Une impression étrange d'avoir échoué. La suite il n'y avait pas vraiment fait attention, il ne réalisait pas tout à fait la présence de l'autre, sa poigne sur son col et sa colère contre lui. Il n'avait pas cillé, Kain. Il n'avait même rien dit. Rien répondu. Que rétorquer à ça de toute façon ? Rien. Alors il s'était fait la promesse silencieuse de se rendre sur ce terrain de Quidditch le lendemain. À la tombée de la nuit, loin de Joy, loin de tout. Il attendrait, revivrait sans doute quelques doux et douloureux souvenirs avant de sentir une présence dans son dos. Désagréable et perfide, aussi haineuse que lui actuellement -probablement.
En attendant, ses pas l'avaient amené à traverser les couloirs pour rejoindre son dortoir. Monter les marches jusque sa chambre, où il s'était enfermé à clef. Sa silhouette glissant sur le sol, contre le mur, il avait soupiré. Demain, il n'avait plus si hâte d'y être.
Le premier poing avait claqué la porte de sa chambre. Le second avait heurté le mur juste à côté.
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