[INTRIGUE] les oisillons deviendront grands ((réservé à la #teamthecrow))

Après qu'elle se soit finalement assise, elle avait écouté avec attention chacun des élèves dans la salle se présenter, essayant de restreindre de tout son possible le flot de pensée qui envahissait sa tête, sachant pertinemment qu'aucunes d'entre elles n'échapperaient au corbeau, qu'elle fixait froidement de temps à autre, d'un air de dire "je sais que tu m'entends". Avant, elle avait pris l'habitude de jouer à un jeu de dupe, penser à certaines choses en guettant les réactions de celui qui s'insinuait dans son crâne. Il lui était arrivé par exemple de se contempler nue pendant dix bonnes minutes devant un miroir, pour en retenir les moindres détails et tenter de ne penser plus qu'à cette image d'elle quand elle supposait qu'il usait de ses dons pour entrapercevoir les milliers de songes qui ne cessaient d'aller et venir. Mais il était toujours resté impassible, et presque vexée, elle s'était rapidement arrêtée.

Elle entendait les deux jeunes vampires, l'un après l'autre, étaler devant tous leur sentiment de monstruosité. Elle s'en voulait, sans comprendre pourquoi.
Elle écoutait Rachel, et cette histoire qu'elle connaissait déjà, de loin, sans en comprendre les tenants et les aboutissants. Elle essayait de comprendre, sans que ça ne lui soit permis.
Elle sentait dans la voix d'Elaura, de Kain, cette souffrance qu'on noie dans la rage sourde de la revanche. Et elle comprenait tant.
Puis elle distinguait les loyaux qui doublaient leurs propos d'un mépris profonds, Declan, Mae, Constance, des intéressés qui ne cachaient pas ce qui les amenait là, Alyssa, Renard, Uriel. Et tout ceux là, comment leur en vouloir d'être là, puisqu'elle avait été comme ça il y a des années de cela. Loyale, puis intéressée, puis traîtresse fugitive.
Il y avait quelques incertains aussi, Ene, Aslan, à qui elle avait envie de hurler "fuyez", en sachant pertinemment qu'elle n'en aurait jamais le courage. Alors elle s'en voulait avec force.
Et ceux qui la laissait dubitative, entretenant le mystère de leur volonté, de leur présence, Samuel, Gabriel. S'étaient ils perdus, retrouvés là par hasard ?

Noyée dans ses suppositions en l'air, elle avait scruté chacun, cherché le tressaillement de regret, celui qui secouait le corps en hurlant "je veux m'en aller maintenant", oubliant de lancer ses regards froids au corbeau, sans l'oublier pour autant. Aussi ne sursautait elle pas quand il élevait de nouveau sa voix sombre. Souriait il sous le masque ? Evidemment, il avait des troupes aux intérêts divers et pourtant si aisément malléable, elle la première.
Et quand il parlait, il lui semblait qu'il s'était adressé quelques fois directement à elle, incapable de dire s'il l'avait dit à tous ou simplement énoncé froidement dans son crâne, la torturant encore un peu, plus, doucement.
Et soudain, les portes s'ouvrent, Ella reconnaît la plupart de ceux qui passent l'embrasure, étirant sur leurs visages comme le sien un rictus de mépris. Elle se disait "pas encore morts ceux là ?" et eux pensaient si fort qu'elle comprenait sans problème "on te fera la peau sale traîtresse".
Elle se redressait sur sa chaise, animée par cette rage qu'elle avait tenue presque calme tout au fond de son ventre pendant la réunion, même quand Brittany lui lançait une pique de mépris.  

« Vas te faire foutre Gordon.» Elle lui aurait sauté à la gorge.

Mais déjà l'un d'entre eux remettait en cause la sélection du corbeau, qui devant tous lui fit subir l'une de ces attaques dont il avait le secret. Rappelant à chacun qu'il n'hésitait pas. Et pourtant, celui qui désormais, pleurait à quatre pattes contre la dalle, comptait parmi ses plus fidèles.
Et à nouveau, il s'adressait à eux, réclamant un choix. Une allégeance, ou... Il n'y avait pas de réelle alternative. Elle ne pouvait plus s'enfuir.

« Je le serais. » Maugréait elle, prise de cet odieux sentiment d'humiliation, avant de s'enfoncer à nouveau dans son siège, tête basse. Elle le haïssait.