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Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán

Argus I. Catwright
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Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Lun 13 Mai - 18:21

Ça fait une vingtaine de minutes que tu tournes en rond dans Poudlard, mais cette fois, tu sais où le trouver. Si ce n'est pas dans la salle commune, si ce n'est pas le complexe sportif, ni le terrain d'athlétisme, car il pleut; c'est sûrement là. Ce vieux rayon. C'est celui entre l'Alchimie et la Transmutation. Trop barbant pour être fréquenté, trop étroit pour que deux personnes s'y croisent sans se cogner, et trop éloigné de la pièce centrale pour ne pas être silencieux, mal éclairé. Un bout de fenêtre filtre une lumière poussiéreuse. C'est suffisant pour lire ou réviser ses A.S.P.I.C.S., assis contre une étagère ou à la petite table coincée entre les deux rayons, et ses deux chaises branlantes que personne ne prenait jamais.

L'endroit habituel.

Il n'y a plus qu'une seule chaise, et elle est occupée. Bien sûr, il est là. Tu le sentais, mais ça ne rend pas les choses plus aisées alors que tu remontes le couloir, à moitié en crabe quand des livres débordent des rayons trop serrés, évitant les obstacles sans presque y penser. Tu espères à moitié qu'il t'entendra arriver, mais non, il a le nez plongé dans un livre, et pendant deux secondes tu profites de cette vision d'anthologie: Tadhgán Payne, affalé dans son débardeur trop large, son jogging qui descend sur son caleçon, les adidas qui empiètent sur un rayon de livres comme s'il était sa propriété personnelle et la casquette vissée sur la tête, qui lit Corneille. Ton bras est invaincu mais non pas invincible. L'allégorie de l'antithèse. L'oxymoron, comme dans l'expression, what a moron. Le brillant idiot, dans toute la splendeur de sa bêtise. Parfois, tu te dis qu'il devrait ressembler davantage à ce que les aveugles veulent qu'il soit. Comme ça tu garderais cette vision unique seulement pour toi. Mais ce serait égoïste que le monde ne sache pas. Lui qui a vécu si longtemps dans le noir ne sait toujours pas comment se défaire de ses chaînes. Tu mérites d'être entièrement libre, Payne. Et il mérite encore moins de te traîner derrière lui. Tu t'approches et sans sommation tu voles son livre.

Qu'est-ce'tu lis, Dostoïevski?

Non, ce n'est pas du russe, tu es au courant, c'est juste la question habituelle. Tu t'assieds sur la table par réflexe, après tout il manque une chaise (il manque ta chaise), et t'as pas l'intention de rester planté devant lui comme un imbécile. Tu as un objectif en tête, et ce n'est pas de subir sa mauvaise humeur, ou quoi que ce soit d'autre. Alors tu prends les devants et tu souris, pour briser la tension qui n'a pas lieu d'être:

Il faut qu'on parle.

Tu feuillettes son livre sans perdre sa page, hors de sa portée. Ton sourire se fait distrait. Est-ce que tu as déjà lu cette pièce de théâtre?

T'as cru que tu m'entendrais jamais dire ça, hein?

C'est pas parce que Tadhgán a tout lâché avant qu'il va échapper au passage obligé. C'est écrit dans le script, allez. Toi et moi, nous aurons cette discussion, entre deux didascalies. C'est à notre tour de jouer.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Mer 15 Mai - 17:45


Si tu m'offres ta tête...

Chimène
Va, je suis ta partie, et non pas ton bourreau.
Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre ?
Je la dois attaquer, mais tu dois la défendre ;
C’est d’un autre que toi qu’il me faut l’obtenir,
Et je dois te poursuivre, et non pas te punir.

Don Rodrigue
Ne diffère donc plus ce que l’honneur t’ordonne :
Il demande ma tête, et je te l’abandonne ;
Fais-en un sacrifice à ce noble intérêt :
Le coup m’en sera doux, aussi bien que l’arrêt.
Attendre après mon crime une lente justice,
C’est reculer ta gloire autant que mon supplice.
Je mourrai trop heureux, mourant d’un coup si beau.


Il pleuvait, alors ce n'était pas le bon jour pour sortir se défouler. Tadhgán n'avait même pas envie de traverser le parc sous la pluie pour s'enfermer dans la salle de sport. Il serait forcé d'en ressortir le soir venu et le temps ne devait pas s'améliorer. Ça sentait l'orage. Il préférait s'occuper dans la salle commune ou le dortoir, mais les deux endroits étaient bondés et il ne pouvait pas sortir son livre au milieu de... bref. Il envisagea un instant de rejoindre des amis Poufsouffles, mais il redoutait de croiser accidentellement Stoker dans leur tanière, et il ne savait pas ce qu'il lui dirait – ferait – si cela arrivait. Il redoutait également de voir l'aîné Catwright et le pire, c'était de ne pas savoir lequel était, justement, le pire. Il n'était pas censé avoir peur de Catwright.

L'inverse était valable également, mais on savait bien ce que Payne avait fait de ces choses-là.

La bibliothèque paraissait donc le lieu idéal, fréquenté certes, mais pas dans ce recoin qu'il connaissait bien. C'était Argus qui lui avait fait découvrir l'existence de ce rayon, un jour où ils s'emmerdaient un peu. Rien de mieux que l'exploration en bibliothèque quand il pleuvait... Tadhgán n'avait jamais mis les pieds dans ce petit couloir avant cela, jamais même lu ces livres. Il savait, dès lors, que c'était le seul endroit où personne ne penserait à le trouver.

Ah, l'ironie.

Il lisait Corneille et la voix du Cid aurait dû lui transpercer les tympans quand ce fut la main d'Argus Isa Catwright qui osa – oui, osa – l'arracher à sa lecture. Qui donc avait le cran de l'interrompre de la sorte ? Personne, jamais. Il aurait dû le savoir avant de relever un regard méchant sur le malotrus, il aurait dû le deviner dans ce simple geste, nonchalant mais rempli de culot ! Il aurait dû se mettre en colère et cacher l'objet de sa honte, comme toujours, sous de fausses excuses mal élaborées, dans la surprise et la précipitation. Mais c'était bel et bien Argus Isa Catwright qui se tenait devant lui, et ce malotrus-là ne le connaissait que trop bien. Payne resta muet. Rodrigue en personne aurait pu tonner à ses oreilles ô rage  ! Ô désespoir  ! Ô vieillesse ennemie !, qu'il ne l'aurait pas entendu.

Le Poufsouffle était assis sur la table et feuilletait son livre, comme il avait feuilleté tant de ses livres avant celui-ci, Tadhgán pouvait-il encore s'en offusquer ? Ses mots restaient en suspens mais il fronça les sourcils quand le voleur demanda, le plus naturellement du monde, ce qu'il lisait.

"Le Cid", répondit-il instinctivement, en oubliant de donner à sa voix le grommellement habituel, celui qui repoussait les gens.

Il s'en voulut immédiatement et fit un geste pour récupérer le livre, mais le Poufsouffle le tenait hors de sa portée. Et il souriait, ce con. Il souriait. Payne aurait pu se lever, certes, mais sa position tout à fait affalée était des plus confortables. Agacé, il donna un petit coup de pied dans un livre qui débordait du rayon sur lequel il avait appuyé ses adidas.

"Tu veux quoi ?"
"Il faut qu'on parle."

Payne le regarda comme s'il causait suédois, avant de comprendre qu'Argus Catwright parlait bien anglais et que ses mots avaient un sens pour le commun des mortels. Ah. Oui, el famoso "we need to talk".

"T'as cru que tu m'entendrais jamais dire ça, hein ?"

Affirmatif. Il avait mis fin à leur relation de crainte qu'Isa soit celui qui lui dise qu'il fallait tout arrêter. Que Tadhgán avait merdé. Qu'il n'était plus assez bien pour lui. Ce genre de conneries qui l'avaient maintenu éveillé tant de nuits.

"Tu m'connais trop bien", grommela Payne en guise de réponse.

C'était un constat, pas une révélation, mais il était fier d'avoir réussi à dire ça avec son air de chien de garde habituel. Il n'aimait pas l'idée que Catwright puisse baisser sa garde en le prenant par surprise. Il se pencha en avant pour récupérer Le Cid, et glissa son marque-page – un vieux ticket de ciné pour Armageddon 2028 – entre les scènes 3 et 4 de l'acte III. Il ne ferma pas complètement le livre, mais joua un moment avec les pages, avant de croiser les bras. Il n'avait pas du tout envie d'avoir cette discussion-là. Il y avait sûrement des milliers de raisons pour lesquelles le Poufsouffle avait soudain eu l'illumination, l'idée stupide de venir régler leur histoire après tout ce temps, et Payne ne pouvait en imaginer une seule. Après tout, leur dernière entrevue s'était conclue assez sèchement et tout à fait clairement : ne me touche plus jamais. Payne avait respecté sa part du marché, bien au-delà de ce qu'Argus avait exigé : il ne lui avait plus parlé, à peine l'avait-il regardé. Ce soir-là, au speed-dating, il avait été forcé de croiser son regard. Une fois. Mais il l'avait évité. Il comptait continuer sur sa lancée jusqu'à la fin de l'année, la fin de leur scolarité, leurs vies aussi, puisque c'était ce qui s'était convenu dans la douleur et l'humiliation – pour chacun d'entre eux. Oui, Payne avait bien obéi. Bon chien. Si Catwright voulait lui parler, il l'écouterait. Mais il n'allait certainement pas lui faciliter la tâche. Même un animal a de l'amour-propre.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Jeu 16 Mai - 0:48

Tu sais que tu le prends par surprise. C'était le but. Tu viens le voir en étant préparé, pas lui. Avantage au canard. Tu feuillettes le livre sans comprendre (c'est évidemment du français) quand il te rappelle le titre. C'est connu, pas vrai?

Le Cid? C'est celle où ils meurent tous à la fin?

Il récupère son bouquin dans un geste agacé et tu ravales ton sourire. Le Gryffondor affiche ouvertement son agacement et tu en éprouves presque de la fierté. Emmerder Payne est source d'une grande satisfaction, bien qu'elle soit de courte durée. T'es pas là pour discuter de littérature française et théâtre. On va plutôt parler des sujets qui fâchent. Tu gardes une attitude détendue, parce que Payne sait bien lire le langage corporel et que tu ne comptes pas reproduire le fiasco de votre dernière entrevue. Tu sais ce que tu as à dire et tu sais comment le dire. Le tout est de bien surveiller ses réactions.

T'es en guerre, Argus, et tu ne comptes pas affronter l'ennemi de front.

J'ai appris ce qui s'est passé dans les cachots en février.

Tu dis ça posément, pas trop légèrement, mais sans en rajouter par un ton qui pourrait être accusateur. Oui, tu as décidé de le confronter sur ce sujet-là. Tu te doutes qu'il ne s'y attend pas. Mais tu as calculé ton coup; face à la surprise ou l'agacement de Payne, tu opposeras la logique et la réflexion. Ce sont tes armes à toi. Tu as décidé de garder ton calme quoi qu'il arrive. Tu avais presque oublié comment lui parler, mais c'est bien la seule chose qui fonctionne avec lui. La violence ne marche pas, il est toujours meilleur à ce jeu-là. L'ironie? Rien de tel pour installer un malentendu que d'user d'un second degré qu'il ne comprend pas. Alors c'est la seule solution. Peu importe ce qui va se passer à présent, tu vas rester calme. C'est tout ce qui compte. C'est aussi tout ce qu'il te reste, le calme en armure. Admirez! Argus Isa Catwright, prenant la défense de ses amis. Quelle grandeur d'âme. Quelle classe. Prêt à tout pour venger l'honneur de ses proches, même à confronter Tadhgán Payne. Ah, ils ne sont pas beaucoup à pouvoir se targuer de ça, pas vrai? T'es un héros, Argus, un vrai. Ta voix ne tremble pas et ton regard perce celui de ton interlocuteur, sans aucune pitié.

On peut en discuter, si tu veux, tu peux me donner ta version des faits. Ou je peux directement te dire pourquoi je suis venu t'en parler.

Your choice.

Et le plus glorieux, dans tout ça? T'as beau faire semblant de ne pas y croire, tu sais parfaitement que ça ressemble à s'y méprendre à un prétexte. What. A fucking. Hero.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Jeu 16 Mai - 1:53


est-ce à moi de la prendre
"Le Cid ?" répéta le Poufsouffle. Le titre devait lui sembler familier. "C'est celle où ils meurent tous à la fin ?"

Payne ne regardait jamais les gens comme s'ils étaient plus stupides que lui – c'était une de ses qualités – mais parfois, il était tenté. Sauf avec Isa. Isa ne l'avait jamais traité comme s'il était con comme ses pieds. Il aurait eu tant de raisons de le faire, pourtant, puisqu'il le connaissait trop bien.

"Le Cid", confirma le Gryffondor-secrètement-amateur-de-littérature. "Corneille. La valeur n'attend point le nombre des années. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Va, je ne te hais point ? ...laisse tomber."

Le blaireau n'avait visiblement pas la référence. Tant pis. Il se doutait qu'il ne venait pas pour un café littéraire. Causer bouquin avec Argus Catwright ? Awkward. Plus awkward que de le voir tranquillement assis sur sa table. Tadhgán avait presque envie de le pousser. Cette nonchalance allait finir par user sa patience. Il pensait du moins que sa colère exploserait, mais ce fut l'incrédulité qui l'emporta lorsque Catwright lui révéla la raison de sa présence :

"J'ai appris ce qui s'est passé dans les cachots en février", dit-il.

Il fixait intensément Payne. Payne le fixa, moins intensément, plus... dans la réflexion profonde. Ou pas. La seule question qui lui traversait l'esprit étant EST-CE QUE TU TE FOUS DE MA GUEULE. Mais il ne dit rien, car Argus enchaînait.

"On peut en discuter, si tu veux, tu peux me donner ta version des faits", lui offrait-il, magnanime.

Une chance de se défendre devant le public avant que l'empereur ne le jette dans la fosse aux lions ? Oh, c'est trop bon de ta part, Argus. Sais-tu à qui tu t'adresses ?

"Ou je peux directement te dire pourquoi je suis venu t'en parler."

Payne ne supportait pas de se sentir acculé, et c'était ce qu'il se passait à présent qu'on le mettait face à des faits, une volonté d'en découdre et des reproches subtils mais bien placés. Il l'avait bien mal pris dans les cachots en février, alors pourquoi pas dans cette arène-ci ? Un sourire mauvais se découpa brièvement sur son visage.

"Attends, aha... attends deux secondes, Catwright. Si j'comprends bien, t'es là pour..." – il s'humecta les lèvres et lâcha un sourire crispé : "Tu viens me demander de pas faire chier tes potes ? Ils ont quel âge, six ans ? Ils peuvent pas se défendre tous seuls ?"

Il pensait que cette histoire était derrière lui. Il aurait pu demander des comptes au lâche qui l'avait pris par surprise, mais non. Il avait laissé Stoker tranquille, et cette petite chieuse de Martin aussi. Quelle grandeur d'âme. C'était bien lui le plus généreux. Et maintenant ça ? Payne bascula sa tête en arrière et cligna lentement des paupières. Il allait se réveiller, n'est-ce pas, pour réaliser qu'il s'était endormi sur Le Cid et n'avait fait que rêver cette scène où cette petite merde d'Argus Catwright venait lui faire perdre son temps ? Parce qu'il l'aurait employé plus utilement en dormant. Mais non. Il rouvrit les yeux et le blaireau était encore là. Tadhgán le fixa.

"J'savais que Stoker était une pisseuse", cracha-t-il, mauvais.

Donner sa version des faits ? Se défendre ? Payne ne revenait pas sur ses erreurs. C'était un de ses défauts. Catwright pouvait le coincer entre deux rayons étroits pour lui arracher des excuses à coups d'Imperium qu'il n'en démordrait pas. Il lâcha un rire moqueur, bref mais intense.

Alea jacta est, motherfuckers.

HJ:
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Jeu 16 Mai - 10:20

Tu cilles légèrement à la réponse de Payne, mais t'attends patiemment qu'il s'exprime s'il en a envie. Ha ha. Payne. S'exprimer. T'aurais dû sentir plus tôt que y'avait un problème avec ça, non? Ta poker-face vacille quand il saute aux conclusions sur la personne qui l'a balancé. C'est faux mais très imagé, on ne pourra pas le nier.

Une... quoi, pisseuse?

Ça veut dire quoi exactement? Est-ce que ce mot figure même dans le dictionnaire? Tu secoues la tête. C'est secondaire.

C'est pas lui qui m'en a parlé.

Il aurait pu le faire, parce que, au hasard, si l'inverse s'était produit il aurait aimé le savoir. Et c'est marrant parce que c'est déjà arrivé. En as-tu parlé à Ethan? Pas vraiment. Pas dans le détail. Il se serait inquiété. Comme toi. Mais il a pas vraiment eu l'occasion de te raconter sa version la dernière fois que vous avez parlé, tout tournait autour de Bertram et lui. T'aurais eu un peu de mal à le relancer là-dessus vu comment ça s'était fini. Tu n'avais que les faits rapportés par Dorothy, du coup, et la réaction épidermique de Payne. Qui parle pour lui. Tu attends quelques secondes avant de couper le silence:

C'est pas le problème. Je suis pas là pour accuser qui que ce soit, je suis là pour mettre les choses au clair, parce que j'ai pas envie que ça parte en couille. On est d'accord que ce qui s'est passé entre Ethan, Dorothy et toi n'a rien à voir avec moi?

Disons que c'est une intuition, basée sur quelques mots de ton amie Serdaigle.

T'as intérêt à me regarder dans les yeux quand tu vas répondre à ça.

Tu le pensais tellement fort que tu l'as dit à voix haute, le ton sec. Tu le regrettes instantanément. On croirait entendre ta mère, putain. Tu n'es venu pour blâmer personne, tu veux régler les choses calmement, pour changer. Tu sais que c'est possible. Avoir une discussion entre adultes responsables (lol). Mais c'est trop tard, t'as merdé. Assume d'avoir merdé. Ce sera pire si tu fais machine arrière. Alors tu soutiens son regard, sévère, et tu espères qu'il te rendra la pareille. Te débines pas sur ce coup-là, Payne. Si toi tu fuis, qu'est-ce qu'il me reste? De nous deux, c'est toujours toi le plus courageux.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Jeu 16 Mai - 18:32


Payne n'avait même pas remarqué qu'Argus faisait l'effort de garder son calme, qu'il avait changé de stratégie depuis leur mésaventure commune avec l'Épouvantard des cachots. La petite fissure dans son masque, pourtant, ne passait pas inaperçu. Catwright était, comme Payne, très sensible sur le sujet de ses amis. Peut-être parce qu'ils n'en avaient pas beaucoup. Alors malgré l'image que cela renvoyait de lui, il ne put s'empêcher de s'amuser de sa réaction :

"Une... quoi, pisseuse ?"
"Une chialeuse, Catwright", précisa aimablement Payne, puisque sa comparaison lui semblait si obscure. "Quelqu'un qui chouine dès qu'il y a un problème. Qui aime se poser en victime."

Il pouvait continuer encore longtemps comme ça, tant sa rancoeur pour les gens de son espèce était bien ancrée. Et il ne parlait même pas de sa nature dangereuse.

"C'est pas lui qui m'en a parlé."

Ah.

L'expression de Payne se fit légèrement surprise. Ça ne changeait en rien son opinion du bonhomme... mais Martin ? Car c'était forcément elle. Il ne pensait pas qu'elle aurait le culot d'en parler à Catwright. Pas après ce qu'elle avait à reprocher à Payne. Il croyait qu'elle aurait trop honte de lui expliquer, car il fallait bien lui expliquer pourquoi elle l'avait confronté, non ? Payne ne pouvait pas comprendre que dans cette histoire, Dorothy n'était pas celle qui devait avoir honte.

Argus coupa court en affirmant que ce n'était pas le plus important. Ah, mais si ! Payne voulait connaître le nom de sa balance ! Mais le Poufsouffle enchaînait pour dire qu'il ne venait accuser personne – *ben voyons* – qu'il voulait simplement mettre les choses au clair. Première nouvelle. Il ne récolta qu'un regard désabusé du Gryffondor, peu impressionné. Jusqu'à entendre la suite de sa phrase. Il n'était pas prêt à entendre cela :

"...On est d'accord que ce qui s'est passé entre Ethan, Dorothy et toi n'a rien à voir avec moi ?" demanda Argus.

Payne ouvrit la bouche, insulté. Le Poufsouffle se croyait-il encore au centre de son monde ? Quelle arrogance ! Mais la réplique cinglante se meurt comme Chimène, au fond de sa gorge, quand son bourreau ajouta un avertissement sévère.

"T'as intérêt à me regarder dans les yeux quand tu vas répondre à ça."

Tadhgán baissa le regard par réflexe. Il n'aimait pas ce ton-là. Personne ne prenait avec lui ce ton-là. À part sa mère, parce qu'elle en avait le droit. Et Argus Isa Catwright. Tadhgán n'osait pas relever les yeux de peur qu'il y lise exactement ce que sa bouche refusait de lui dire. Ça n'avait rien à voir avec lui, à la base ! Cette petite conne de Martin l'avait provoqué ! Il n'avait fait que lui renvoyer la balle, pour l'humilier, comme elle avait tenté de le faire en insultant un de ses meilleurs amis. Il releva les yeux, furieux. Il n'allait pas se laisser intimider, non – ni par Catwright ni par la petite Serdaigle masochiste. Alors Payne fit claquer son livre sur la table et repoussa sa chaise d'un mouvement rageur pour se relever et zieuter Argus de toute sa hauteur. Argus qui, tranquillement assis sur la table comme un roi sur son trône, pensait le juger. Mais Payne était trop grand et ainsi c'était lui qui lui faisait de l'ombre – il cachait la lumière qui faisait danser les grains de poussière. De là enfin il pouvait soutenir son regard accusateur, même si pour ce faire il devait encore baisser les yeux. Argus était bien trop petit. Payne croisa les bras, et il fit ce que tout grand Gryffondor courageux aurait fait.

"Wesh, c'est Martin qui a commencé !"

S'il tombait, elle tomberait avec lui.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Ven 17 Mai - 12:23

Aussi incroyable que ça puisse paraître, tu viens d'apprendre un mot, merci Payne. Pisseuse. Waw. Une insulte à la hauteur de la délicatesse de l'homme qui l'a prononcée. Tu grimaces mais tu ne rétorques rien, pas envie de l'encourager sur cette voie. Une définition suffisait, merci Tadhgán. Comme prévu, il n'apprécie pas ce qu'il entend. Tu sens l'incrédulité, puis la colère, monter en lui, mais tu n'as pas l'intention de lui céder du terrain dans ce combat-là. Il faut voir comme les compromis ont fonctionné jusque-là... Et tu ne penses pas spécialement à ton ex, mais à Ethan. C'est quand tu avais eu le plus la sensation de te calmer et de prendre sur toi pour apaiser la situation, que tu avais déclenché sa plus violente réaction. Avec Payne l'inverse n'est pas possible. Cette fois, tu ne fonces pas dans le tas. Tu maintiens tes positions. Tu ne reculeras pas. Il repousse sa chaise et d'une main fait claquer son livre contre la table, juste à côté de toi. Tu l'observes deux secondes puis tes yeux remontent le long de son bras, son visage et cette casquette qu'il porte même à l'intérieur. Il te toise de toute sa hauteur mais tu ne cilles pas. Tu en serais presque fier. Il n'y a pas de petites victoires. Tu croises les mains sur tes genoux et tes doigts se serrent un peu alors qu'il s'apprête à parler. Accuser. ... wait, what? Tu n'avais pas anticipé une défense aussi... pathétique. On dirait un gamin pris en faute dans la cour de récré, la main dans le sac de bonbons du voisin, ou sur la face de ce dernier. Bon sang, Payne. T'as quel âge, déjà?

T'arrives pas à croire que tu te sens plus adulte et responsable que lui. Ou que quelqu'un. Tu passes une main sur ta nuque. Toi, tendu? Mais non. Payne ne revient pas sur ta question alors tu comprends que tu avais raison. Ça implique tellement plus de questions. Pourquoi? Comment t'es censé réagir à ça? Tu joues distraitement avec ton col. Keep calm and don't panic. Fake it until you make it. Tu devrais te mettre à la méditation, non? Mais avant ça, une réponse.

C'est ce qu'elle m'a dit, oui. Elle m'a aussi dit qu'elle avait des raisons de te provoquer.

Maintenant la partie gênante. Tu souffles.

C'est pas tout... Elle avait l'air de penser que j'allais la détester si elle apprenait toute l'histoire. Les cachots et... votre passif. Ma réaction avait vraiment l'air de la travailler. Ça te rappelle quelque chose?

Ta voix est toujours calme, légèrement interrogatrice, mais tu remontes nerveusement les manches de ton pull et tes doigts s'accrochent aux plis pour ne pas trahir ton doute, ton regard s'accroche à celui du Gryffondor pour ne pas trahir le discours sous-jacent. Dis-moi que j'ai tort, Payne. Dis-moi que t'as pas fait ça. Dis-moi que je me trompe encore sur ton compte. T'es pas sûr de pouvoir assumer ça.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Dim 19 Mai - 23:15

Évidemment qu'elle avait parlé. Première occasion et elle était allée chouiner dans les jupes d'Argus, "bouhou, ton ex il est méchant avec moi !" Pauvre. Petite. Victime. Martin n'avait pas eu les excuses qu'elle exigeait de lui, alors elle était allée chialer auprès de ses... amis. Elle devait vraiment aimer se faire plaindre.

"Oh, ouais, j'suis sûr qu'elle t'a tout raconté", rétorqua le Gryffondor sur un ton grinçant.

Il aurait dû faire pareil. Aller trouver Catwright pour lui dire que ses amis lui faisaient chier, comme ça il aurait eu sa version des faits avant celle des autres. Mais Payne n'était pas "une pisseuse". Ou peut-être était-il trop stupide pour prévoir un plan aussi fourbe. À quelques rayons de là, quelqu'un fit chuter un livre. Le Gryffondor se retourna, nerveux, avant de reporter son attention sur Catwright :

"C'est pas tout..." disait-il. Qu'est-ce que Martin avait bien pu lui révéler de pire que leur relation passée, rappelant à son ami que Payne était un bourreau – le sien ? "Elle avait l'air de penser que j'allais la détester si elle apprenait toute l'histoire."

Ah.

Ça.

Payne s'humecta les lèvres. Il n'avait pas de problème de conscience à répondre honnêtement là, mais son instinct lui disait que c'était une grosse connerie. Ça révélerait beaucoup trop de choses à Catwright. Des choses qu'il avait entrevues dans les cachots avec Martin et décidé d'ignorer. Des faiblesses. On ne révèle pas ses faiblesses à un ennemi. Mais Payne ne voulait pas mentir. Il n'était pas de ces gens-là. Et comme toujours, il prenait la mauvaise décision.

"Ça te rappelle quelque chose ?"

Argus jouait avec les manches de son pull. Il était nerveux. Payne releva les yeux sur son visage.

"J'ai fait qu'dire la vérité. J'lui ai juste dit ce que je savais de toi pour qu'elle l'accorde avec sa réalité", avoua-t-il sans sourciller. Il eut même le culot d'ajouter, plein de condescendance et pourtant si doucement : "Depuis quand tu fais dans le social, Catwright ?"

Rejoindre le côté intello de la Force l'avait ramolli. Ce garçon avair de bien mauvaises fréquentations.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Mar 21 Mai - 0:11

Tu retiens une expression désabusée. Oh, il est vexé maintenant. Eh ouais Payne, tout se paye. Pourtant t'es pas le juge ou le bourreau. Juste la piqûre de rappel. Il fera quoi le jour où il tombera sur quelqu'un qui aura décidé de lui faire regretter tout le mal qu'il a fait? Il ne pense pas à ça, bien sûr. Il n'a pas honte de ce qu'il fait, mais peut-il seulement en assumer les conséquences? T'en oublierais presque que c'est plus tes affaires. Tu croises calmement les bras par dessus les plis et tu te retiens de jouer avec le pull. La vérité. T'as dit la vérité. Bien sûr que t'as dit la vérité. Ta vérité. Payne est loin d'être la personne la plus objective que tu connaisses. C'est même une des pires. T'es pas mieux, mais quand ça se retourne contre toi, ça pique un peu. Il n'a pas le droit de balancer sa subjectivité à la gueule de tes amis pour modeler leur opinion de toi. Il n'a pas le droit de se servir de... de ça (vous) contre eux et, indirectement, contre toi. Ton expression se durcit légèrement face à sa tranquille condescendance. T'es piqué dans ta petite fierté, t'as envie de dire: ptdr, mais t'es qui? T'es qui pour me juger? Pour me dire qui je suis? Faire dans le social. Non, bien sûr que tu fais pas dans le social, t'es pas psychothérapeute, c'est pas parce que tu étudies la médicomagie que tu te destines à aider les gens. Si. Mais pas directement. T'as du mal à t'imaginer accueillir les patients en blouse blanche. Toi, tu aimes les potions, la biologie, tu veux faire des la recherche, découvrir de nouveaux poisons, inventer de nouveaux remèdes. Tu veux juste faire ce que tu aimes. T'es pas obligé de sentir que tu aides les gens pour être heureux. Alors c'est vrai, tu n'as jamais fait dans le social. Tu peux pas recueillir tous les cassos, t'es pas la SPA; déjà si t'arrives à adopter le cassos que tu es, c'est pas mal. Et pourtant y'a qu'à voir ton entourage proche, pas une seule personne équilibrée dans le tas. T'as envie de fixer Payne dans les yeux et de lui dire qu'il est mal placé pour te dire ça.

Cassos of cassos.

Mais tu prends sur toi. T'es calme, on a dit. Et tu le laisseras pas sous-entendre ce truc hypocrite sur Dorothy. Tu inspires:

Je suis pas...

Je ne suis pas ami avec Dorothy parce que j'ai pitié d'elle. Ni avec aucun d'eux. T'as assez de problèmes pour les reconnaître à des kilomètres, Gus. Si tu le voulais, tu les éviterais. Mais on choisit pas les gens qui deviennent proches. Ça arrive, c'est tout. C'est rarement prévu et souvent ce sont de bonnes surprises. De bonnes, vraies surprises. Payne avait été une bonne surprise, passé le jugement initial, inhérent à sa personne on va dire. Cassos et champion de la mauvaise impression. Il t'avait appris à ne pas juger les rencontres suivantes. Beckett, d'abord poto de beuverie, chez qui tu avais découvert des rêves et des angoisses similaires, une honnêteté sans bornes aussi. Et Dorothy. Dorothy La Gamine Martin qui était devenue une oreille attentive, qui avait de bons conseils et une douceur insoupçonnée sous une couche de fourberie et de sel bien construite. Ces gens dont tu n'attendais rien, mais qui t'avaient surpris en bien, quand tes certitudes s'étaient brisées contre un rempart inattendu: ton meilleur ami. Tu lèves les yeux, tu baisses la voix et c'est presque un murmure. Mais un murmure décidé.

Je suis pas comme toi, Payne.

C'est ce que tu veux croire. Tu as toujours pris tes distances vis-à-vis de ses choix les plus douteux. Tu as toujours fui. Pour pouvoir dire que tu ne lui ressemblais pas, quand il cognait un gosse ou rackettait un sang-pur. Argus Isa Catwright, héros de l'année. Pas étonnant que tu ne sois pas à Gryffondor. Payne au moins assume ses choix, aussi mauvais soient-ils. Tu serres les dents. Tu sais que tu es en train de chercher une faille, lancer tes excuses pour te défendre, mais c'est pas contre ses mots. Pas contre lui. Le plus grand ennemi, c'est toujours toi.

J'm'enjaille pas sur le malheur des autres.

De cela tu es certain, et c'est cette conviction que tu brandis entre l'ennemi et toi. Ton regard se fait moins dur. Payne n'est pas comme toi, mais il y ressemble. Payne est le reflet de toutes les choses que tu aimerais refouler. S'il avait le pouvoir du miroir du Risèd, il ne montrerait pas ton désir enfoui mais ta plus grande honte, et ta pire erreur.

Ce n'est qu'un reflet, tu penses. Le reflet n'a pas de pouvoir si tu ne le regardes pas. Il faudra bien l'affronter, un jour. Quand tu seras prêt. En attendant, tu peux toujours essayer de ramasser un à un les morceaux brisés.

Écoute, il faut que...

Quoi? Tu passes une main sur ton visage, fatigué par la tournure que prend cette discussion. Parler avec Payne, c'est épuisant. Comment tu faisais, avant? Vous communiquiez quand même un minimum, pas vrai? Ça semblait tellement plus facile, alors. Tu soupires. Essaye d'en venir aux faits. C'est déjà assez difficile pour toi de maintenir cette conversation. Tu remontes tes manches. Tu ne peux pas prolonger éternellement la confrontation.

Faut que t'arrête de dire à mes amis comment je suis censé réagir, tu peux pas parler à ma place.

Okay, c'est un bon début. Tu rabaisses une manche et tires sur l'élastique au niveau du poignet.

Et... tu t'en es jamais pris à eux. J'ai envie que ça continue.

Voilà, on y arrive. Là, c'est le moment où tu portes tes balls, Argus Catwright.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Mar 21 Mai - 1:48

Il y avait de l'hésitation, chez Argus Catwright. De l'agitation aussi. Et quelque chose que Payne n'identifiait pas.

"Je suis pas comme toi, Payne", murmura finalement le Poufsouffle.

Payne lâcha un rire narquois, très bref. Il osait se comparer à lui ? Périlleux, ça. Catwright, tu me ressembles plus que tu ne veux l'avouer, c'était ce que le Gryffondor voulait lui dire. Il lisait exactement ces mots dans son regard. Mais il n'avait pas le droit de se comparer à lui. Je suis pas comme toi, Payne. Non, en effet.

Tu as toujours été meilleur que moi.

Son expression moqueuse s'effaça brièvement. Argus ne s'enjaillait pas sur les malheurs d'autrui, non. Mais Payne préféra toiser ostensiblement les mouvements nerveux du blaireau plutôt que s'abîmer dans ce genre de douloureuse réflexion :

"Tu devrais essayer, ça te détendrait", lâcha-t-il avec beaucoup de désinvolture en donnant une pichenette sur sa main qui faisait et défaisait ses manches.

Après tout, quelles étaient ses alternatives ? Boire du café ? Pire. Se bourrer la gueule ? Qu'on ne le lance pas sur ce sujet-là. Lire un livre ? Catwright avait besoin de passe-temps plus physiques s'il voulait extérioriser ses angoisses. Payne frappait sur un sac pour se défouler, parfois sur les gens. Il lui avait conseillé cent fois d'essayer – il pouvait commencer par les sacs.

"Écoute, il faut que..."

Mais il n'avait pas que des certitudes, il avait aussi des demandes. Encore des questions. À quel moment Payne était-il censé signifier qu'il ne se sentait plus concerné ? Tiens, bonne question, ça. Pourquoi était-il encore là ? Parce que c'était son spot et qu'il refusait de l'abandonner ? Refusait de trouver un nouvel endroit pour lire ? De fuir ? Ou attendait-il autre chose d'Argus Catwright ?

"Faut que t'arrête de dire à mes amis comment je suis censé réagir, tu peux pas parler à ma place", dit ce dernier.

Payne considéra la question. La réponse semblait évidente : non. Non, il ne pouvait pas parler pour Argus. Il avait perdu ce droit, si tant est qu'il l'ait jamais eu. Payne était partisan de la libre expression dans le couple. Chacun ses pensées, chacun ses idées. Peu importaient les désaccords d'idées tant qu'ils ne se faisaient pas concrets. On pouvait le tromper dans sa tête, en votant Scamander alors qu'il soutenait l'Anarchie, l'Irlande indépendante. L'indépendance des croyances, oui. Pour autant, Payne pouvait-il accepter la demande de Catwright ? S'il ne pouvait décider de parler pour ce dernier, alors l'inverse devait être valable également. Il baissa le ton et se rapprocha pour bien se faire entendre, conscient qu'ils étaient toujours dans la bibliothèque, dans ce fichu rayon. Il lui paraissait soudain bien étroit. Payne aurait mieux fait de rester assis.

"S'ils me croient, Isa, c'est qu'ils te connaissent pas assez bien pour être tes amis."

Et ça voulait dire tout ce que ça ne disait pas – moi je te connais, Isa. Pas sûr que ce soit conscient, cependant. Payne était probablement trop occupé à retenir sa voix pour confiner le reste.

"Tu t'en es jamais pris à eux. J'ai envie que ça continue", demandait Catwright.

Ah, si seulement il avait pu dire ces mots dans un autre contexte. Au hasard, deux ans plus tôt. Payne tiqua légèrement.

"Je m'en suis pas pris à tes potes", rappela-t-il, la voix toujours aussi basse, quoique légèrement précipitée.

Il avait l'impression qu'Argus le forçait à se justifier et il n'aimait pas cela.

"Stoker m'a attaqué le premier", lâcha-t-il sans contenir le mépris que le semi-vampire lui inspirait : "Dans mon dos, en lâche, il te l'a dit ça ? J'ai pas eu le temps de répliquer. Et Martin, ça fait des années que je la calculais même plus, et c'était pas ton amie à ce que je sache. Ou alors, t'as décidé de prendre la défense de tous les petits cons que j'ai tabassé dans ma vie ? Parce que y'a du boulot", siffla-t-il, acerbe.

Martin, O'Connor... Ils revenaient tous le faire chier en ce moment. Comme des fantômes de ses conneries passées. On n'était pas dans A Christmas Carol là. Payne n'allait pas se repentir et demander pardon en distribuant des cadeaux de Noël. En plus il ne connaissait que la version Disney, avec l'Oncle Picsou. Est-ce qu'il avait une tête à s'appeler Picsou ?
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Jeu 23 Mai - 2:12

Ton affirmation ne lui arrache qu'un rire bref mais moqueur, ce à quoi tu t'attendais. Il pense qu'il peut se le permettre, puisqu'il te connaît si bien, pas vrai? Tu l'as dit toi-même à Dorothy, tu as confirmé ces choses qu'il avait dites, sans même s'en rendre compte, devant elle. Oui, Payne te connaît bien. L'inverse devrait être valable et pourtant tu sursautes légèrement à la pichenette sur ta main. Son prétendu conseil lui vaut un regard agacé. Tu éloignes le bras:

Non, merci, vraiment. Y'a d'autres moyens de se défouler.

Même des moyens non violents! Mais tu ne vas pas partir dans ce genre de débat stérile avec lui. Payne et la castagne, c'est une équation qui n'a jamais trouvé de solution. À présent, tu lui rappelles qu'il ne peut, et ne doit pas, parler en ton nom. Il se rapproche et tu l'observes sans sourciller, mais tu ne te sens pas à l'aise. Sa réponse te surprend. Tu t'attendais à une remarque brève, acerbe, agacé d'avoir touché juste, de le réduire au silence? Tu cilles légèrement au prénom. Oui, c'est évident. Il a raison, et tu l'as déjà reconnu: comment Dorothy pouvait-elle savoir qu'elle ne devait pas l'écouter? Te connaissait-elle mieux que lui? Bien que vous ayez eu cette conversation à ce sujet, elle te connaît sûrement moins qu'elle ne connaît Payne. Parce qu'ils ont une histoire, horrible certes, que tu ne partages pas avec elle. Tu ne peux pas changer cela, mais tu peux changer la vision q'elle a de toi. Tu peux l'améliorer. La faire grandir. Tu peux choisir de devenir quelqu'un qu'elle connaîtra, quelqu'un qu'elle croira, quelqu'un en qui elle aura confiance. C'est un peu effrayant.
Non, carrément effrayant.
Une sacrée responsabilité. On sait à quel point tu vis mal les responsabilités. Mais personne ne te force à rien. C'est encore ton choix. Tu peux essayer. Tu feras toujours mieux que Payne, pas vrai?

Alors cette volonté de protéger tes amis ne vient pas de nulle part. Elle a de multiples sources, mais il faut remercier Dorothy Martin. Sans elle, tu n'aurais pas trouvé le cran de te tenir là. Même si tu crains encore les conséquences. Oui, Argus, tu as peur. Mais quelque part, tu veux croire que Payne aussi a peur. Vous devez tous les deux affronter une chose terrible: vos erreurs.

Il s'agace, parle plus vite, te rappelle qu'il n'a pas touché tes amis, oh la nuance est infime mais pourtant si importante, n'est-ce pas? Est-ce qu'Ethan a lancé les hostilités? Tu ne doutes pas une seconde de l'affirmation de Payne; trop honnête... mais de sa subjectivité, oui. Vas-tu remettre en cause ses paroles? Non. Cela concorde avec le récit de Dorothy. Et Ethan n'est pas là pour se disculper. Il ne t'a pas livré sa version des faits, bien sûr que non. Est-ce qu'il en avait eu honte? Peur de t'attirer des ennuis? Ou de t'inquiéter pour rien? L'explication est sûrement la plus simple: tu ne lui en as pas laissé l'occasion. Tu l'as évité et, quand tu t'es senti prêt à lui en parler, c'est lui qui ne t'a pas laissé le choix. Il t'a planté là. Sans pouvoir comprendre, ou écouter, ce que tu essayais de lui dire. Je suis là pour toi. Et maintenant, t'es là. Usant de tous tes... talents... diplomatiques pour régler autre chose. Pour prendre sa défense et celle de Dorothy. Qu'est-ce qui te fait croire que tu vas réussir avec ton ex là où tu as échoué avec ton meilleur ami? Pourquoi s'acharner?
Tu avais déjà échoué.

Parce que Martin. Dorothy ne t'a pas laissé tomber, elle. Pas encore. Et tu as envie de prouver que tu peux essayer. Tu peux essayer d'être là. Y'a pas de manuel pour être un bon ami. Personne ne vous dit par où commencer. Mais cette exigence, ici et maintenant, elle te semble juste. C'est un bon point de départ.
Quelle que soit la direction que tu prends dès à présent.

Payne se justifie et s'agace oui, preuve que tu touches un point sensible. Il te demande si tu penses sauver tous ceux qu'il a tabassés Tabassée? Dorothy n'avait pas parlé de ça. Mais en soi, qu'est-ce qui le retenait, à part ses soi-disant principes?

T'as frappé Martin?

Pourquoi cette question te semble si importante maintenant? Qu'est-ce que ça change puisqu'il y a tant d'autres moyens de blesser les gens? Puisque tu n'es pas sa conscience? ... Non. Tu ignores si le choix des mots est volontaire, avec Payne c'est difficile à dire, mais ça, ça ne te fait pas peur. Je sais que tu ne l'as pas frappée. Payne a besoin de limites, et il les cherche sans cesse, partout, parce qu'elles le rassurent. Sans ses principes, il n'est rien; il n'y a plus rien pour l'empêcher de tomber de l'autre côté. Tu préfères croire qu'il se tient encore à l'intérieur de sa frontière personnelle. Tu as toujours préféré y croire. Peu importent ses bravades. Tu cesses enfin de jouer avec tes manches, tu croises les mains sur tes genoux. Un peu de brutale honnêteté pour asseoir ta décision. Payne doit comprendre que tu ne parles pas à la légère et tu n'as pas peur de cacher cette dure vérité; pas à lui, puisqu'il te connaît bien. Tu peux au moins lui reconnaître ceci.

Je sais que ça remonte à loin, entre elle et toi. J'étais pas là quand t'as harcelé Martin y'a quatre ans. Et j'aurais sûrement rien fait si j'avais été là. Je la connaissais pas.

La triste vérité, c'est qu'il n'y a pas un seul monstre dans l'histoire. Si tu comprends Payne, si tu ne craches jamais dans son dos, c'est qu'il y a une raison. Pas si différent. La volonté de réparer les morceaux brisés en plus.

Mais je la connais maintenant, et j'veux pas que tu t'en prennes à mes amis. Je sais que j'ai pas le droit de te demander ça, comme j'ai pas les moyens de te forcer si jamais tu m'écoutes pas.

Et, tout en avouant cette faiblesse, tu te redresses.

Mais j'veux pas qu'il y ait des conflits entre vous. Qu'on soit plus ensemble n'y change rien.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Lun 27 Mai - 21:53

Il y avait des choses qu'Argus Catwright ne pouvait pas lui cacher. Des choses qu'il taisait parce qu'il ne pouvait pas se permettre de faiblesses, pas quand il venait en guerrier défendre les oppressés. Des choses que Payne aurait aimé taire aussi – mais Payne ne pouvait pas, ou ne voulait pas, mentir. Il en était conscient même si les implications de ce choix ne lui plaisaient pas. Un peu comme on n'apprécie pas un dessert au chocolat qui va ruiner le régime entrepris jusque là. Bon, la comparaison était mauvaise. Payne n'aimait pas spécialement le chocolat. Et il n'avait pas besoin de surveiller son poids. Mais il savait à peu près dans quel merdier il mettait les pieds – et il y allait presque sans hésiter, comme l'abruti fini qu'il était. Et aussi clairement qu'il devinait cela Payne voyait ce qu'Argus Catwright essayait de lui cacher. Ses réactions ne lui échappèrent pas, il avait trop l'habitude de lire les gestes des autres pour se situer dans une conversation, à défaut de pouvoir la suivre verbalement sans être largué. Il avait d'autant plus l'habitude de capter les gestes de Catwight que c'était leur façon de communiquer. Ainsi lut-il aisément dans la question, spontanée, du blaireau :

"T'as frappé Martin ?"

Le regard de Catwright passa de surpris à obstiné et Payne fut certain qu'il en était venu à une certaine conclusion. Il savait déjà la réponse à cette question. Le Gryffondor prit le temps de considérer ceci avant de répondre :

"J'aurais pu", froidement, mais pas brutalement.

C'était un constat, difficile certes, mais vrai. Tadhgán le savait, Argus le savait, il ne servait à rien de s'agacer pour ça – après tout, ils savaient des tas de choses sur l'autre. Des choses plus embarrassantes que ça – et plus intimes que ses prétendus principes.

Catwright remit le passé de Martin et Payne sur le tapis et ce dernier l'écouta avouer son inaction, sa lâcheté ?

"...j'aurais sûrement rien fait si j'avais été là. Je la connaissais pas."

Il avait au moins l'honnêteté de reconnaître cela. Était-il lâche pour autant ? Argus Catwright était loin d'être le Poufsouffle le plus courageux, pourtant Payne savait qu'il était digne de confiance. Il évitait les problèmes en amont, mais confronté de force il ne fuyait pas. Il les regardait bien en face et il leur disait : "Je ne veux pas que tu t'en prennes à mes amis."

ou

"Tu crois que tu peux me larguer comme ça ?"

Et ses faiblesses, il les assumait frontalement parfois, dans un éclat de grandeur qu'un oeil novice n'aurait pas soupçonné.

Payne l'observait depuis longtemps, pourtant.

"Je sais que j'ai pas le droit de te demander ça, comme j'ai pas les moyens de te forcer si jamais tu m'écoutes pas", reconnut Argus. Il se redressa : "Mais j'veux pas qu'il y ait des conflits entre vous. Qu'on soit plus ensemble n'y change rien."

Pourtant il ne s'attendait pas à ça. Pas à ce stade. Pas avec tout ce malaise et ces hésitations en amont. Il resta silencieux. Jura mentalement. Putain. *Alors ça porte ses balls comme ça, Catwright ?* S'il y avait bien une chose que Payne appréciait, c'était bien ça, une bonne paire de... Non, arrêtons-nous là, vous allez sortir ça de son contexte. Disons qu'il avait du respect pour celui – ou celle ! – qui se revendiquait haut et fort, ceux qui osaient s'imposer devant lui – mais sans le rabaisser, ça son fichu ego ne l'aurait pas supporté. Catwright savait se hisser à sa hauteur sans avoir besoin de l'écraser pour gagner. C'était pour cela que sa volonté l'atteignait, quand celles de Dorothy Martin ou de Miles O'Connor ne faisaient qu'alimenter sa colère. Catwright, en plus, savait s'imposer en reconnaissant ses propres faiblesses. Il s'en servait comme d'un marche-pied. Et ce faisant il se tenait plus haut que Tadhgán, sans même le savoir. Plus haut que tous les autres.

Il lui était aisé, dans ces instants, de se rappeler qu'Isa avait toujours été le plus grand.

Payne lâcha un soupir agacé, surtout fatigué – résigné. Il ne lui facilitait pas la tâche, hein ? Il fronça les sourcils et pointa le doigt sur le Poufsouffle, pokant du même coup son pull élimé au niveau du torse :

"Répète bien ça à tes copains, Catwright. Parce que si jamais l'un d'eux me refait l'coup des cachots, y'a plus de promesse qui tienne."

Il réfléchit deux secondes, l'air soudain confus.

"Euh... Pacte ?" corrigea-t-il, circonspect...

Il ne savait pas comment appeler ce qui se déroulait là. Pour être franc il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait. Encore une décision de merde qu'il allait devoir assumer. Il visualisa Martin et Stoker vivant paisiblement leurs vies, s'amusant et plaisantant sans se soucier de lui... Yep, il allait lui falloir beaucoup de patience pour supporter ce genre de choses. Ou beaucoup de mépris. Mais il visualisait aussi Isa, qui pouvait rire franchement avec eux car il lui avait tenu tête. Et quelque part, il était fier de ce qu'il était devenu cette petite merde. Même si ça avait été en le laissant au bord de la route. Payne grogna intérieurement devant cette idée pathétique. Urgh. Était-ce ce que les chiens fidèles ressentaient lorsque leurs maîtres les abandonnaient au départ des vacances d'été ? Pas cool.

"J'le fais pas pour toi", s'empressa-t-il d'ajouter. "J'ai pas envie qu'ils me cassent les couilles sous prétexte que Martin sait pas gérer sa vie." Et il n'avait pas envie que le Poufsouffle se fasse des films. "Tiens-les éloignés de moi et tout ira bien."

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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Lun 10 Juin - 15:19

C'est presque rassurant d'entendre Payne dire qu'il aurait pu frapper Dorothy Martin. Il ne l'a pas fait. Ça ne te rassure pas sur son compte, plutôt sur ton jugement. T'as tellement l'impression d'être à côté de la plaque, en ce moment, que ça te console de savoir qu'il y a encore des choses que tu maîtrises. Des choses immuables. Des certitudes. Ça calme ton esprit pragmatique, mis à mal ces dernières semaines. C'est la réponse que tu attendais, mais elle ne te conforte pas quant à la suite de votre discussion. Tu sais que tu demandes quelque chose de compliqué à Payne. Tu sais, et tu l'avoues, que tu n'as pas le droit de le faire. C'est pas comme si tu pouvais encore lui reprocher son attitude ou lui conseiller telle ou telle approche quand il s'agit de régler ses conflits. T'auras essayé, le temps que ça avait duré, et il te semble que t'avait pas trop mal géré. On n'irait pas jusqu'à dire que c'était devenu un Bisounours et qu'il avait cessé de frapper sur tout ce qui bouge, mais tes souvenirs personnels de Payne pétant la gueule de quelqu'un étaient limités aux relous qui vous (te) faisaient chier en soirée, c'était quand même pas mal. Seulement t'étais peut-être le seul à connaître l'ampleur du changement et à considérer ça comme une évolution positive. Payne restait une grosse brute. Peut-être que Payne lui-même ne s'en était pas rendu compte. Et puis, ça faisait longtemps maintenant. Ça ne t'avait même pas étonné de le voir traumatiser un pauvre gosse dans les couloirs en janvier. Les habitudes ont la vie dure, hein?

Alors sa réponse à ta demande, là, elle te laisse sur le cul. Elle n'est pas très claire, au début. Ce n'est pas une assertion mais tu te doutes que tu n'auras pas le droit à un 'okay'. C'est déjà surprenant (choquant) qu'il accepte indirectement de ne pas emmerder tes amis s'ils ne l'emmerdent pas en retour. C'est ce que tu comprends de sa première phrase. C'est presque trop facile. T'es peut-être trop habitué aux échecs en ce moment, t'y crois d'abord à moitié. Mais c'est Payne, ce serait pas son genre de t'entourlouper. Accepter quelque chose sans y croire. Non, il n'accepte pas, il promet. Surpris, tu répètes bêtement le mot.

Promesse.

Ça sonne étrangement entre vous deux. Payne doit s'en rendre compte, car il corrige en pacte. Tu retiens un rire nerveux et ta tête fait un mouvement hybride entre l'approbation et la négation. Non, c'est pas ce qui est important. On s'en fout, en fait.

Ouais... peu importe. Merci de faire un effort.

T'as à peine le temps de finir ta phrase qu'il parle, presque en même temps. J'le fais pas pour toi. Ah, tu me rassures, Payne. Pendant une seconde, j'ai eu peur qu'on ait retrouvé une relation normale. Tu le fixes pendant qu'il te déblatère ses raisons, t'essayes de pas sourire cyniquement. T'as l'impression de lire dans sa tête à mesure qu'il se justifie et t'es pas sûr de vouloir savoir si tes pouvoirs de Légilimens sont au point ou pas. La dernière phrase t'arrache presque une expression désabusée, mais c'est pas contre lui. Tiens-les éloignés de moi et tout ira bien. On se demande dans quel sens tu as passé ce pacte-là. Et tu ne sais pas trop dans quoi tu t'embarques, mais c'est la seule solution alors tu tends le bras:

Ça marche.

Quelle que soit la façon dont on appellera ça, on le scelle d'une poignée de main. Parce qu'on a pas de calumet de la paix. Ça aurait été badass de partager une clope sur ça, comme des bonhommes, mais fumer est interdit dans la bibliothèque.
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Re: Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre? | Tadhgán Ven 28 Juin - 23:42


"Ça marche", dit le Poufsouffle en tendant le bras dans un geste éloquent.

Pacte, promesse, c'était déjà trop, pas besoin de rajouter une poignée de mains. Il n'aimait pas ça. Trop solennel ou trop familier ? Payne haussa un sourcil désabusé :

"Euh, tu veux pas me faire un serment inviolable, là ? J'préfère encore cracher dans ma main", lâcha-t-il, moitié moqueur, moitié sérieux.

Comme des gosses. Et les signes de scouts, les mains sur le coeur. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer. Tadhgán môme avait un copain qui remplaçait "si je mens" par "si je meurs", traumatisme de ses huit ans. Plus tard seulement, il avait compris que c'était ainsi que jouaient les grands.

Il n'avait pas besoin d'être aussi solennel avec Catwright, on ne leur avait jamais appris à être grands. "Être adulte" était une chose que Tadhgán comme Isa avaient décidé de découvrir seuls, l'un parce qu'il n'avait pas le choix, l'autre parce qu'il refusait de l'avoir. Il attrapa son bras et recula pour le forcer à se lever, afin qu'ils soient au même niveau. Façon de parler : il y avait bien dix centimètres de différence entre le Poufsouffle et lui. Quand ils furent davantage en position de sceller quoi que ce soit, Payne ouvrit son poing, regarda sa paume quelques secondes, puis reporta un regard amusé sur Argus Catwright.

Ils n'avaient pas besoin de jouer aux grands.

"J'vais plutôt cracher dans ma main."

Ce qu'il fit, avant d'attraper celle du Poufsouffle avec un sourire satisfait. Oh, il allait adorer passer ce pacte avec lui.

Pas du tout.

Mais si Payne pouvait en tirer la moindre satisfaction... Il se contenterait du dégoût du blaireau.
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